ÉDITORIAL Soulèvements de la Terre : l'expression populaire en danger ?
Menacé de dissolution en conseil des ministres ce mercredi, le mouvement Soulèvements de la Terre obtient un soutien inattendu.
Minority Report. Vous vous souvenez de ce film de science-fiction américain réalisé par Steven Spielberg et sorti en 2002 ? En France, en 2023, la réalité semble quelque peu rattraper la fiction. Le long métrage racontait comment des êtres humains mutants pouvaient prédire les crimes à venir. Ainsi, grâce à des visions du futur, l'organisation gouvernementale Précrime pouvait stopper les criminels juste avant qu’ils ne commettent leur méfait. Et bien, la décision prise par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, de proposer un décret de dissolution du mouvement Soulèvements de la Terre ce mercredi en Conseil des ministres a de quoi surprendre. Le collectif de militants écologistes, certes radicaux, mérite-t-il une sanction aussi lourde alors qu'aucune poursuite ou condamnation judiciaire n’a jamais été lancée à son encontre ? Difficile de leur reprocher d'y voir « une dissolution très politique » et « inquiétante ». Alors, par l'intermédiaire de leurs avocats, ils vont lancer tout un tas de procédures pour obtenir gain de cause. En attendant, pas sûr que le Gouvernement envoie le bon message sur le respect de la liberté d'association et de manifestation. Le mouvement bénéficie depuis hier de nombreux soutiens. Sans compter les organisations syndicales ou politiques qui appellent désormais à des manifestations partout en France. Ce sera d'ailleurs le cas à Nîmes ce mercredi soir à 19 heures devant la préfecture du Gard, à l'appel du comité nîmois de soutien au collectif Soulèvements de la Terre. Dérive autoritaire, criminalisation des écologistes militants ? Pas d'excessivité. Mais Il n'est plus possible de mettre sous le tapis ou de bâillonner les militants associatifs inquiets, à juste titre, par le changement radical du climat et les risques majeurs pour les prochaines années que fait porter l'inaction ou l'action insuffisante de l'exécutif. Ce véritable rapport de force installé en France est déterminant pour faire entendre les messages portés en particulier par la jeunesse, qui souhaite ardemment la prise en compte de l'urgence climatique. Sans violence bien sûr. Mais dans le respect de tous. Jamais les solutions démocratiques ne trouvent racine en empêchant l'expression populaire !