EN IMAGES Risque inondation : les démolitions des maisons les plus exposées ont débuté à Alès
Ce mardi 12 septembre, en début de matinée, l'entreprise Scaic a procédé à la première démolition d'une longue série puisque 25 propriétaires particulièrement exposés au risque inondation ont accepté un rachat à l'amiable par Alès Agglo.
Depuis le début de la matinée, le lotissement du Vieux-Moulin, blotti entre le quai de Grabieux et le Gardon d'Alès, est le théâtre d'une vaste opération de démolition de maisons. La première d'entre elles a cédé peu après 9 heures du matin sous les coups de pelle de la Scaic, entreprise chargée de l'opération sous la houlette de l'établissement territorial public de bassin (EPTB) Gardons qui a la maîtrise d’ouvrage.
Celle-ci intervient dans le cadre d'une démarche inédite de relocalisation étroitement liée aux inondations de 2002 et 2014 notamment. En 2015 naissait l'association des sinistrés du Grabieux qui militait pour que des travaux soient entrepris dans le cours d’eau. L'année suivante, en 2016, une étude hydraulique et d’aménagement a donc été lancée par Alès Agglomération, avec le concours de l'EPTB Gardons qui a planché sur différents scénarios permettant de réduire l’impact des épisodes cévenols (relire ici).
25 maisons bientôt démolies
Mais en janvier 2021, la Ville annonçait l’abandon du projet de réalisation des travaux espéré depuis 20 ans après une étude menée par un cabinet privé qui l'a d'abord chiffré à 16 millions d'euros, puis à 30M€, une somme jugée "inacceptable" par les collectivités (mairie et agglomération). 863 logements avaient ainsi été recensés dans la zone inondable du bassin versant du Grabieux. Parmi eux, 39 ont été identifiés comme potentiellement très à risque en matière d'inondabilité.
À ces 39 propriétaires, la Ville a donc proposé une acquisition à l'amiable en fonction de l'estimation de la valeur du bien, sans la décote liée au caractère inondable du logement à laquelle ils seraient confrontés en cas de vente de leur maison à un autre particulier. 25 propriétaires ont accepté, dont celui de la maison du lotissement du Vieux-Moulin détruite ce matin.
"C'est la première fois en France qu'une telle opération est menée par anticipation avant que le risque inondation se produise", clame Christophe Rivenq, président d'Alès Agglomération. Et ce dernier d'ajouter, en n'hésitant pas à parler d'"opportunité" pour les propriétaires concernés : "En 2002 et en 2014, via le fonds Barnier, on offrait 60 000 euros pour acquérir leur maison. Aujourd'hui, on arrive à mettre 200 000 euros selon la maison."
Si l'État finance à 100% la démolition des 11 maisons les plus exposées, il fait 50-50 avec l'Agglo pour les habitations restantes. "Nous sommes ici sur un lotissement dont les autorisations de construction avaient été délivrées par l'État à l'époque. C'est la mairie et l'Agglo qui payent pour partie alors que les autorisations ont été données par d'autres. Ces erreurs du passé doivent nous servir de leçon pour l'avenir, à la fois dans les règlements d'urbanisme et pour les aménagements urbains", échafaude le premier adjoint au maire d'Alès.
"Ça y est, vous attaquez !", a commenté un voisin en interpellant l'édile alésien, Max Roustan, présent ce matin rue du Moulinet. Le retraité en question a fait le choix de refuser l'offre de la municipalité pour ne pas quitter sa maison de toujours. "C’est un choix de vie de la part du monsieur", indique Vincent Ravel, technicien hydraulique d'Alès Agglo, tout en lui rappelant qu'il peut changer d'avis jusqu'au "milieu de l'année prochaine".
Une opération à 6,5 millions d'euros
"Je comprends que les gens réfléchissent à deux fois, surtout par un temps comme aujourd'hui où on a le sentiment que le risque inondation paraît bien loin. Sauf que la réalité, c'est qu'en une journée on peut passer du beau temps au déluge", analyse quant à lui Christophe Rivenq. Certains réfractaires font valoir leur attachement au lieu, d'autres tentent de faire monter les enchères. Et il y a ceux qui n'ont "pas connu 2002 et n'ont pas conscience du risque inondation", veut croire l'élu alésien.
Et de poursuivre : "C'est une proposition qu'on leur fait. Ça sera notre dernière offre pour ces propriétaires qui ont malheureusement un bien très déprécié. Moi je dis priorité à la vie humaine." En présence d'Étienne Retaillau, directeur adjoint du syndicat EPTB Gardons, la première démolition a été rondement menée. Les propriétaires vendeurs ont été autonomes dans leur relogement.
Ceux qui possédaient des jardins avec des arbres ont également eu une proposition. "On demande aux habitants s'ils veulent qu'on déracine les arbres de leur jardin pour les transporter jusqu'à leur nouvelle habitation. Les arbres ont une valeur sentimentale pour certains qui les ont plantés pour une occasion bien particulière", fait savoir Vincent Ravel.
Après les démolitions, les terrains reviendront à la mairie qui aura tout le loisir de décider de leur avenir. En concertation avec les riverains, des "espaces verts" ou des "jardins familiaux" pourraient y être érigés. L'enveloppe globale pour mener à bien l'opération affiche un montant de 6,5 millions d'euros