Publié il y a 1 an - Mise à jour le 09.02.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 1084 fois

FAIT DU SOIR Projet de parc naturel régional : bientôt la création de l'association de préfiguration ?

PETR Uzège pont du Gard philippe Marchesi sébastien de vitot

Philippe Marchesi, président du PETR Uzège-Pont du Gard, et Sébastien De Vitot, le directeur.

- photo Marie Meunier

Ce jeudi soir, 120 personnes ont été réunies à la mairie d'Uzès pour faire un point d'étape sur le projet de parc naturel régional (PNR) en Uzège-Pont du Gard. Une première et dense partie s'apprête à être clôturée, mais le chemin jusqu'à la création du PNR est encore long. 

Dans les tuyaux depuis belle lurette, le projet d'un PNR autour d'Uzès et du Pont du Gard est revenu sur la table des discussions depuis qu'il est porté par le PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) Uzège-Pont du Gard. Et notamment par son président depuis 2021, Philippe Marchesi. C'est lui qui a animé la réunion de ce jeudi soir pour faire part des avancées : "On tourne plus qu'une page, mais un tome", lâche-t-il avec enthousiasme.

En effet, un nouveau palier s'apprête à être franchi, après la clôture du complément d'étude d'opportunité qui a duré un an. Celui-ci a prouvé que le territoire avait des "caractéristiques exceptionnelles qui risquaient d'être en danger si on ne fait rien les prochaines années (écologie, risque incendie, urbanisation...)", indique Philippe Marchesi. Il ajoute : "Le complément d'étude a aussi prouvé que le PNR pouvait être un outil capable d'éviter ce risque, de conserver les caractéristiques et même de les développer."

PETR Uzège pont du Gard philippe Marchesi sébastien de vitot
Philippe Marchesi, président du PETR Uzège-Pont du Gard, et Sébastien De Vitot, le directeur. • photo Marie Meunier

Ces préalables posés, lui et ses équipes au PETR imaginent le futur PNR comme "une structure qui va permettre de rassembler les techniciens, l'ingénierie sur des dossiers précis." Il insiste : "Aujourd'hui, on ne peut plus travailler de manière segmentée, il faut réfléchir à des solutions globales sur le risque incendie ou l'irrigation par exemple." Si le PNR voit le jour, il aura donc un rôle fédérateur entre tous les acteurs d'un territoire mais il sera aussi un support pour développer d'autres axes de travail qui s'étendront sur un temps long. Dix à quinze ans.

Développer une filière complète autour du pastoralisme ?

Déjà plusieurs idées sont apparues, autour du pastoralisme par exemple : "C'était un système agricole très développé avant. On sait aujourd'hui que ça limite le risque incendie, indique le président. Est-ce qu'on ne serait pas capables sur ce territoire de développer une filière complète ? D'autant qu'en France, 90 % de la laine est perdue. Les 10 % restants sont exportés en Chine et reviennent en France sous forme de pelotes."

D'autres pistes ressortent comme le soutien global à l'agriculture (question de l'irrigation, attractivité du métier...) : "On a une déprise agricole aujourd'hui. Les agriculteurs ne trouvent pas toujours de succession et cela crée des friches. Et qui dit friches, dit risque incendie accru." Pourquoi ne pas aussi redonner vie aux vieux métiers de la garrigue, soutenir l'artisanat d'art ou concevoir des malettes pédagogiques à destination des scolaires ? La question énergétique et de l'implantation des panneaux photovoltaïques sera aussi au coeur du champ d'action du PNR. "On ne pourra pas s'en passer mais il ne faut pas mettre des panneaux n'importe où", commente Philippe Marchesi. 

Objectif : que le parc naturel régional soit créé d'ici 2025

Tous ces axes de travail vont être retravaillés en profondeur pour être inclus dans l'écriture de la charte. Mais avant cela, il faut créer l'association de préfiguration. Les 66 communes comprises dans l'actuel périmètre (qui peut encore évoluer, NDLR) vont recevoir la semaine prochaine les statuts de l'association de préfiguration et devront délibérer si oui ou non, elles souhaitent y adhérer. Elles ont jusqu'au 30 avril pour se prononcer, mais la plupart d'entre elles se sont déjà dites favorables. Le département du Gard devra lui aussi délibérer sur les statuts. La Région va ensuite récupérer tous les retours des communes et du Département, et délibérera elle-aussi. Si c'est validé, l'association de préfiguration pourra être créée. Il y a de grandes chances pour que ce soit positif puisque la présidente Carole Delga s'est dite favorable au printemps 2021 à cette création de PNR. 

périmètre futur PNR parc naturel régional uzès pont du gard
L'actuel périmètre du futur parc naturel régional (pas encore définitif). Il s'étend principalement sur les communautés de communes Pays d'Uzès et Pont du Gard. Il comprend aussi quelques communes d'Alès Agglo, de Cèze Cevennes ou encore de l'Agglomération du Gard rhodanien. • photo DR

Philippe Marchesi espère qu'en septembre, l'association de préfiguration sera créée. Son budget serait compris entre 240 000 € et 270 000 € (*). En parallèle de l'association, la Région devra travailler de concours avec la préfecture de Région, avec la Fédération nationale des parcs et avec le Conseil national de protection de la nature sur le périmètre définitif et sur le contenu de la fameuse charte. Et de vérifier que tout colle avec la doctrine des parcs naturels régionaux. Quand tout sera ratifié, "on pourra enfin délibérer sur le parc naturel régional."

Un véritable chemin de croix que Philippe Marchesi a bon espoir de parcourir en trois ans. Il se fixe 2025 pour cap. Peut-être que le territoire Uzège-Pont du Gard deviendra alors le 59e parc naturel régional de France ? Et pour ceux qui s'inquiètent du coût notamment pour les contribuables, le président se veut rassurant : "On s'engage à maîtriser les coûts de fonctionnement du parc. On s'appuira sur les ressources, l'ingénierie sur place."

(*) 35 % du budget serait abondé par la Région, 35 % par le Département, 28 % par les communes (à hauteur de 1 € par habitant), et 2 % par les chambres consulaires. 

Un parc naturel régional, c'est quoi précisément ?

Un PNR oeuvre pour la mise en valeur des paysages, des espaces naturels et du patrimoine bâti, et contribue à l'aménagement d'un territoire. Pour l'instant, le périmètre comprend une soixantaine de communes autour d'Uzès et plusieurs zones classées Natura 2000 comme les Garrigues de Lussan, les étangs de La Capelle et de Valliguières ou encore les gorges du Gardon. Il englobe aussi des sites remarquables tel que le Pont du Gard. Le PNR serait constitué sous forme de syndicat mixte. Grâce à lui, les communes et EPCI disposeront d'une ingénierie dans des domaines-clés. Le parc ne constituera pas une strate administrative supplémentaire puisqu'il assurera des missions portées jusque-là par le PETR. Ce n'est pas non plus un frein au développement économique, il permettra même de créer de nouveaux emplois. La chasse et la pêche n'y seront pas interdites. Le PNR vise plutôt à concilier les diverses activités des usagers de la nature. 

Marie Meunier

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