Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 25.06.2021 - marie-meunier - 3 min  - vu 637 fois

LE 7H50 de Cédric Clémente : "On demande un véritable service public forestier"

Cédric Clémente est maire de Lirac et aussi président des Communes et collectivités forestières du Gard. (DR)

La semaine dernière, les élus de l'association des Communes et collectivités forestières du Gard et ses 70 communes adhérentes étaient réunis en assemblée générale. Tous ont exprimé leur opposition aux décisions de l'État concernant l'Office national des forêts (ONF). Le président, Cédric Clémente, par ailleurs maire de Lirac, nous explique et réagit.

Objectif Gard : Pouvez-vous rappeler ce qui vous ulcère dans les mesures envisagées par l'État pour l'ONF ?

Cédric Clémente : C'est la suppression de 95 postes chaque année pendant cinq ans. Donc presque 500 postes à l'arrivée. Et c'est surtout de demander aux communes de financer des contributions supplémentaires pour l'établissement, soit 10 millions d'euros par an. Ça fait dix ans qu'on nous mène en bateau. Nous, on veut un service public forestier, pas un établissement qui est commercial et public. À la fin, l'argent des collectivités sert surtout à payer des collaborateurs qui sont là pour faire des devis.

Pouvez-vous rappeler quel est le rôle de l'ONF et les conséquences que ces décisions pourraient avoir ?

Par le biais du code forestier, les forêts des collectivités doivent être gérées par un organisme unique qui est l'Office national des forêts. Depuis de nombreuses années, il y a des suppressions de postes, une réorganisation... On tourne en rond à chercher une rentabilité de l'établissement. Ça va à l'encontre de ce qu'on demande, c'est-à-dire un réel service public forestier qui soit là pour gérer nos forêts communales sans contraintes diverses. La forêt est un bien de la Nation comme le dit le Président. Si s'en est un, il faut donner tous les moyens pour la préserver et pas penser à demander aux communes à contribuer au financement.

Quels sont les enjeux autour de la forêt ?

On ne prend pas assez en compte les bienfaits de la forêt : elle réduit le carbone, elle régule les températures, c'est une source de biodiversité... Et on a un autre souci. Pour les unités de l'ONF qui s'appellent les APFM (Agents de protection de forêt méditerranéenne) qui font de la prévention incendie l'été, débroussaillent les pistes, là aussi, on prévoit de supprimer des postes. Pour nous, c'est intolérable quand on voit au fur et à mesure des étés, le réchauffement climatique et le risque croissant d'incendie.

Vous devez payer plus pour un service rendu de moindre qualité ?

On nous demande de payer plus pour moins de postes, moins de services. C'est inacceptable. L'État, l'an dernier, a prévu un budget de 500 millions d'euros pour l'Office français de la biodiversité, sans demande de rentabilité. Je ne comprends pourquoi on demande à l'ONF d'avoir une rentabilité économique et où on essaye de faire payer au maximum les collectivités. Il faut qu'on soit logé à la même enseigne et qu'on considère que la forêt soit un support de la biodiversité. Il ne peut y avoir deux poids, deux mesures.

Comment montrez-vous votre opposition ?

Une motion a été prise en assemblée générale vendredi. Cette motion a été envoyée à toutes les communes du département du Gard pour ensuite prendre une délibération. Il y a plus de 6 000 communes forestières en France. Il faut fédérer au maximum. Ce mouvement est soutenu par l'association des maires du Gard présidée par Philippe Ribot et l'association des maires ruraux du Gard de Sylvain André. Nous, on a 70 communes adhérentes mais il y a 150-200 communes qui pourraient être concernées. Il y a quasiment 50% du département qui est boisé. Et dans le Gard rhodanien, dans l'Uzège on a quasiment que des forêts communales donc, il y avoir de gros enjeux.

C'est donc important de faire connaître ce positionnement ?

Soit le Gouvernement veut une vraie reconnaissance de la forêt en France et on crée un vrai service public. Soit ils ne veulent plus de l'ONF et ils le disent clairement. À partir de là, ce sera à eux d'assumer les conséquences. C'est trop facile de mettre les élus devant le fait accompli. On est aussi attaché aux personnels de l'ONF. Ils ont une expérience, une valeur sur le terrain dont on ne peut se séparer. Et si on se bat aujourd'hui, c'est pour la forêt mais aussi pour eux.

Propos recueillis par Marie Meunier

Marie Meunier

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