À l'arrière de la crèche Les Pitchounets à Uzès, se niche un petit écrin de verdure. Au centre : quatre bacs où poussent des tomates cerises, des physalis, des poivrons, de la salade verte et même des plantes à huître. Quand il fait beau, les enfants viennent s'occuper des plantations à l'aide de leurs petits arrosoirs et brouettes. Ils ont même à disposition des paniers pour récolter les légumes quand ils sont mûrs. "Ils aiment beaucoup venir ici, ils aiment manipuler la terre", constate Marion Vincent, animatrice éveil à la crèche des Pitchounets. 

Au fond du jardinet, a aussi été construite une cabane en bois qui est en fait une récupérathèque. Tous les professionnels du territoire peuvent y déposer leurs déchets, des objets, des matériaux qui peuvent être réutilisés pour faire de la décoration, des ateliers créatifs... Les enfants de la crèche s'amusent parfois avec les cartons qui contenaient les cubis de vin, transformés en grand chamboule-tout. Ils utilisent aussi régulièrement des matériaux de récupération pour confectionner de leurs petites mains des mobiles, des tableaux... Mais sur les étagères de la récupérathèque, chacun peut se servir. Tout est inventorié, pris en photo et diffusé sur un catalogue en ligne que chacun peut consulter.

Utiliser des produits d'entretien naturels pour nettoyer les locaux

Dans cette crèche uzétienne, la pédagogie est tournée vers la reconnexion à la nature et la réduction des déchets. Mais elle s'inscrit en réalité dans une dynamique globale qui s'étend aux trois autres crèches de la Communauté de communes Pays d'Uzès ainsi que ses quatre centres de loisirs et son relais petite enfance. Après trois ans de travail, les neuf structures d'accueil ont toutes été récompensées par une éco-labellisation décernée par l'association Label Vie.

Dans chacune, des initiatives se sont créées et se poursuivent aujourd'hui. Cela peut passer par des gestes plus vertueux comme le choix d'une vaisselle réutilisable plutôt que du plastique jetable ou de véritables efforts de gestion comme la diminution des consommations d'eau et d'électricité. Au Relais petite enfance, les équipes ont réussi à atteindre 50 % d'économies d'énergie. 

L'éco-labellisation récompense aussi les solutions contre le gaspillage alimentaire, de couches biodégradables, l'augmentation de la part de bio dans l'alimentation, l'utilisation de produits d'entretien naturels et pas agressifs... "Dans les crèches, on accueille quand même la prunelle de nos yeux. Nos petits sont hyper sensibles en termes de pollution et ils sont dans une période qui va imprimer leur vie future", fait remarquer Claire Grolleau, fondatrice et présidente de Label Vie. 

Près de 500 établissements éco-labellisés par Label Vie en France

Tous les professionnels de la petite enfance et de la jeunesse se sont investis pour atteindre les objectifs de l'éco-labellisation et chacun d'eux a apporté sa contribution pratique pour y parvenir. Le Pays d'Uzès serait d'ailleurs le premier territoire gardois à voir l'intégralité de ses structures labellisées. Pour renouveler son éco-labellisation dans trois ans, les neuf structures devront encore faire des progrès.

Il est déjà question sur certains sites, comme la micro-crèche de La Bruguière, de désimperméabiliser et revégétaliser les cours extérieures. Et ces travaux devraient être financés en partie par la Caisse d'allocation familiale (CAF). "En 2023, la transition écologique devient un sujet majeur et indispensable. À la CAF, on a vraiment la volonté d'accompagner les structures partenaires vers une plus grande sobriété", affirme Didier Paquette, président de la CAF du Gard. Depuis 2019, l'organisme a versé 35 000 € de subventions pour aider les structures de la CCPU à obtenir l'éco-labellisation. 

Aujourd'hui, l'association Label Vie compte 900 établissements engagés dans le processus d'éco-labellisation en France et presque 500 l'ont obtenue. "On veut atteindre le seuil de 2 500 crèches d'ici quatre ans", affirme Claire Grolleau. À travers son association, elle encourage tout le secteur de la petite enfance et de la jeunesse à aller vers des pratiques plus vertueuses et préservant à la fois la santé des enfants et des professionnels. Et ainsi contribuer à que "ces futurs adultes puissent rester sur Terre dans des conditions acceptables."