PUJAUT Une micro-ferme mais un respect maximum des sols et de la biodiversité
Forêt myawaki, agriculture syntropique, serre bioclimatique... À Pujaut, Alexia Huteau a fait de son hectare de terre un véritable lieu d'expérimentation. Elle essaie de concilier culture de la terre, respect des sols et des espèces animales dans sa micro-ferme.
Pendant 17 ans, Alexia Huteau a travaillé comme fonctionnaire au sein d'une collectivité territoriale à mille lieues du secteur agricole. Aujourd'hui, elle est seule à la tête de son exploitation dénommée "La Ferme à foison", dans la plaine de Pujaut. "J'avais besoin de sens. Mon fils est né en 2008. J'ai eu une prise de conscience écologique pendant ma grossesse. J'ai vécu longtemps dans la sobriété heureuse, en habitant dans une yourte, en me déplaçant en vélo couché, en prônant le zéro déchet. Pour être en totale conformité avec ce mode de vie, il ne manquait plus que le travail", retrace la néo-agricultrice.
Elle a acheté deux parcelles d'un total d'un hectare en 2016, qu'elle a d'abord aménagées grâce son association "Les Jardins à foison". Depuis mars 2021, elle a basculé sous le statut d'entreprise agricole et a renommé son écrin de nature "La Ferme à foison". Loin d'elle la traditionnelle monoculture, la Pujaulaine a fait de sa terre un véritable laboratoire où elle expérimente diverses méthodes plus respectueuses des milieux. "J'essaie de restaurer les écosystèmes, de laisser un sol plus fertile et en meilleure santé. Je pense aux générations futures. Le but, c'est qu'après moi, il n'y ait pas de traces", confie-t-elle.
Bientôt des bananiers à Pujaut ?
Pour cela, elle recourt à la permaculture, le maréchage sur sol vivant et aussi l'agriculture syntropique, encore méconnue en France. La méthode consiste à densifier les cultures sur plusieurs niveaux et à tailler régulièrement les strates supérieures pour obtenir une dynamique de pousse. Cela va en plus enrichir son sol qui est très sablonneux en matières organiques. Alexia Huteau aimerait grâce à cette méthode créer une forêt comestible avec des fruitiers et des vivaces aromatiques. Elle a même l'espoir d'arriver à faire pousser des bananiers particuliers qui résistent jusqu'à -17°C.
Tout est question d'équilibre et de synergie selon elle. Elle utilise d'ailleurs des "plantes compagnons" au pied des arbres pour attirer les pollinisateurs et "rendre des services écosystémiques". Elle aimerait par la suite cultiver des herbes aromatiques et élaborer des sirops et des infusions, et peut-être proposer des champignons et des fleurs comestibles.
Favoriser la biodiversité
L'agricultrice pujaulaine tient aussi à ce que sa terre soit un refuge pour la biodiversité. Elle a planté il y a deux ans une forêt myawaki, sans irrigation, avec 42 espèces d'arbres différentes. Un véritable corridor écologique où nichent des faisans et qui en plus coupe le vent de nord. Elle a aussi aménagé un hibernatorium pour les couleuvres et les lézards verts ainsi que des nichoirs pour les oiseaux et une haie diversifiée. "J'aimerais beaucoup voir nicher des chouettes Effraie sachant qu'une famille d'oiseaux mange en moyenne 6 000 rongeurs par an", estime l'agricultrice qui a subi des dommages à cause de ces animaux. Avec toutes ces installations, elle essaie de restaurer les chaînes de prédation.
Le mois prochain, elle prévoit de bâtir sa serre bioclimatique de 70m2 qui fonctionnera à l'aide de bidons d'eau qui vont libérer de la chaleur. "On aura ainsi +5°C par rapport à l'extérieur, ce sera hors gel. Cela me servira pour les micropousses et les semis", assure-t-elle. L'autre défi qui se dresse devant elle, c'est la gestion de l'eau. Cet été, la ressource lui a manqué car son puits était presque à sec. "J'ai économisé et j'ai installé beaucoup de paillage pour éviter une trop grande évaporation. Je suis quand même contente du rendement", indique-t-elle.
Tous son savoir-faire, Alexia Huteau l'a acquis pendant les heures passées les mains dans la terre, mais aussi lors de formations à la MFR d'Uzès, à l'école-ferme du Bec Hellouin en Normandie, au CIVAM du Vidourle... Elle-même propose des ateliers sur son terrain tout au long de l'année. Elle rouvrira aussi les portes de sa ferme les mardis soir, d'ici fin-février début-mars pour des ventes en direct de légumes. Les consommateurs pourront en plus se régaler avec les œufs produits dans le futur poulailler.
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