Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 12.04.2024 - Thierry Allard - 3 min  - vu 350 fois

VITICULTURE Les couverts végétaux, une solution d’avenir pour la vigne ?

Un exemple de couverts végétaux dans les rangs du Château Malijay

- Photo : Thierry Allard

Face à la sécheresse, à la hausse des coûts d’exploitation et la fin de certains produits phytosanitaires, de plus en plus de vignerons ont recours aux couverts végétaux, comprendre à un ensemencement des rangées entre les vignes. Le Groupe Perret, entreprise du secteur agricole basée à Tresques, organisait une journée sur ce thème dans un domaine viticole de Jonquières (Vaucluse) ce jeudi.

Sur une rangée sur deux, on voit des plantes, plus ou moins hautes, entre les vignes. Cette parcelle du domaine du château de Malijay sert de terrain d’expérimentation au groupe Perret sur la question des couverts végétaux. Différents essais sont menés, avec différentes espèces, méthodes, biostimulants, avec un but, résumé par le président du groupe Perret, Bernard Perret, « trouver des solutions pour nos clients » dont une centaine, venus du Gard, de Vaucluse, de la Drôme ou encore de l’Ardèche, étaient présents pour l’occasion.

Bernard Perret, président du Groupe Perret • Photo : Thierry Allard

Car même si ça peut paraître simple, recourir aux couverts végétaux ne se fait pas en un claquement de doigts. « C’est une technique nouvelle, un savoir-faire empirique qui se fait à travers un partage d’observations, on a besoin d’échanger », développe Bernard Perret. Notamment avec Grégory Betton, chef de culture au domaine du château de Malijay. Première question, est-ce que le couvert végétal, ça marche ? « Oui, je suis têtu mais pas stupide, si ça ne fonctionnait pas, j’aurais arrêté », répond-il dans un sourire.

Il y voit plusieurs bienfaits. Le premier est « une couverture hivernale, qui limite le lessivage ou l’érosion quand il pleut », affirme-t-il. Un autre avantage est de contrôler ce qui pousse au milieu des vignes. « J’ai semé des espèces que j’ai choisies et que je peux piloter », dit-il. En saturant les sols avec les espèces choisies, on n’a donc pas celles qu’on ne veut pas pour diverses raisons. Sans compter que « certaines espèces ont des racines pivotantes longues, qui me font un travail du sol sans avoir à mettre la terre à nu, elles bossent pour moi », s’amuse-t-il.

Grégory Betton, chef de culture du Château Malijay • Photo : Thierry Allard

Et l’effet bénéfique le plus important reste le fait que « toutes ces plantes vont fixer de l’azote qui a un effet fertilisant et fortifie la vigne », affirme Grégory Betton. Pour que ça marche, il faut, à un moment donné, détruire le couvert végétal qui, lorsqu’il « mûrit », finit par consommer plus d’azote que ce qu’il en restitue, et donc entre en concurrence avec la vigne. « Nous le broyons, le laissons sécher et l’enfouissons dans les rangs, ce qui apporte des éléments à la vigne », rajoute-il. Enfin, avoir un couvert végétal signifie que « tant que c’est semé, il n’y a pas de travail à faire, donc moins de passages et une économie de carburant », affirme le chef de culture du domaine.

L’autre argument concerne l’eau, dans un secteur en première ligne face au réchauffement climatique et à la sécheresse. « Le couvert végétal baisse la température du sol et favorise la remontée hydrique par capillarité, il permet aussi d’augmenter le stockage de l’eau dans le sol », avance Coralie Mendiburu, ingénieure agronome chez Perret SA, lors d'un des ateliers.

Coralie Mendiburu, ingénieure agronome chez Perret SA • Photo : Thierry Allard

Autant d’arguments qui font que l’idée fait son chemin. « Ça a été une révolution intellectuelle, avant, une belle vigne, c’était une vigne où il n’y avait pas une trace d’herbe », rappelle Bernard Perret. Depuis, la fin de l’autorisation d’utilisation de certains désherbants et l’évolution du cahier des charges de certaines appellations, celle des Côtes du Rhône en tête, ont contraint la viticulture à revoir ses méthodes. Idem chez le groupe Perret : « Notre métier devient de plus en plus technique, on revient à l’agronomie, la vraie », affirme son président.

Avec « des solutions sur-mesure, on ne peut plus donner une solution unique et universelle au client sur tout son vignoble », poursuit-il. Grégory Betton l’a expérimenté, avec des espèces, comme le trèfle, qui ont déçu et d’autres, comme le radis chinois, qui se sont très bien comportées. Désormais, « la prochaine amélioration sera d’essayer de rouler le couvert végétal au lieu de le broyer », avance le chef de culture. L’expérimentation continue.

Thierry Allard

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