ALÈS EN FERIA Belle novillada sans picadors, dans l’esprit novilleril
Novillada sans picadors de, San Sebastian, Roland Durand, Barcelo, La Suerte et François André pour Santiago López Ortega (silence), Bruno Gimeno Fernandez (oreille) et Valentin (oreille), Baptiste Hangosto (applaudissements) et Matìas (oreille).
Félicitons d’emblée les empresas qui organisent, en feria, une novillada sans picadors. Essence même de la tauromachie de demain, les graines qui y poussent doivent avoir le temps de grandir pour satisfaire le public à venir. Pour y arriver il faut s’entraîner et on ne peut s’entraîner qu’en étant ancré dans la dureté de la réalité.
Opposés à cinq erales français, les jeunes toreros doivent montrer l’étendue de leur savoir et ne jamais rechigner à aller de l’avant avec alegria et personnalité. Cette matinée abritait le deuxième trophée Gard-Cévennes-Camargue et le cinquième trophée des révélations porte du tempéras.
À chacun la lidia d’un eral, au meilleur les trophées.
Santiago López Ortega, qui vit à Anchuelo en Espagne, quoi s’élance face à un eral de San Sebastian. Les genoux vissés en terre face au toril, le Mexicain fait forte impression sur les tendidos et lance idéalement la course. Hélas pour lui, son adversaire manquera cruellement de force lors des deux premiers tercios et n’arrivera à se reprendre qu’en milieu de faena. Le Mexicain réalise alors quelques séries gauchères et profondes, de belle facture.
Bruno Gimeno Fernandez vient de Valencia touche l’eral de Roland Durand qui sort mobile, dans le type et en adéquation parfaite avec les enjeux de la matinée. Pas de vice en lui mais il faut montrer ses papiers pour l’aborder, chose que l’Espagnol fait d’emblée car lui aussi plante ses genoux en terre et y va de son show novilleril. L’esprit est là, la technique moins. Lui comme le Mexicain précédant ont sorti les paires de banderilles pour animer la course et ça marche. Ils ont aussi pris un forfait chez le couturier… En effet les volteretas sont nombreuses car l’engagement est total ! Brouillon dans ses approches et dans sa lidia, le novillero ne se désarme pas et avance toujours plus, ainsi il parvient à conquérir les étagères qui lui offrent une oreille. Celle du mérite et de la volonté. Une oreille qui fera pleurer le jeune. Touchant. Peu auront vu le mouchoir bleu mais le novillo fut primé d’une vuelta à titre posthume.
Valentin, du Centre Français de Tauromachie, touche le novillo de Barcelo. Avec lui, le Nîmois s’accorde bien. On notera chez le piéton une réelle envie de triompher dans le calme et la sérénité. Il ne fait pas les erreurs de ses comparses qui l’ont précédé, ne se jette pas dans la gueule du loup mais attend patiemment la faille qui viendra. Valentin montre une maturité certaine et une gestuelle plus affirmée même s’il se fait prendre en toute fin de faena. Une belle épée et une belle oreille qui bonifie ses séries gauchères de bon aloi. Valentin évolue et c’est bien, les progrès se voient d’une course à l’autre !
Un peu de verdure pour finir. C’est tout le sens de ce genre de spectacle, les gradins viennent soutenir des jeunes et découvrir d’encore plus jeunes. Deux débutent, voici le premier, Baptiste Hangosto. Lui aussi est du Centre Français de Tauromachie. Il hérite de l’eral de La Suerte, de fort belle présentation et au caractère affirmé mais toujours sans vices. Un comportement complexe mais tout à fait approprié à ce genre de course qui doit montrer une variété importante de diversité pour que les apprentis toreros puissent avancer dans leur carrière. Baptiste Hangosto essaie de trouver quelques solutions, il ne trouve pas tout comme Matías qui le suivra et clôturera la course. C’est d’ailleurs lui qui monte au quite et qui se fait fortement soulever, sans gravité. Hangosto reprend le lead mais se prend lui aussi une belle cogida lors de son entrée a matar. C’est, comme pour les trois autres toreros déjà sortie, à gauche que Baptiste s’exprime le plus et le mieux. Le descabello l’empêche de couper mais le jeune aura montré de belles choses et aura cerner l’animal qui ne voulait pas être toréé à droite.
Pour finir, c’est Matìas, de l’école taurine d’Arles qui touche, si vous avez bien comptabilisé, l’eral de François André. Matías est à la maison et ici il doit montrer toute son envie et le caractère en acier trempé qu’il se forge devant les toros. Bien sûr que le chemin est encore long mais il a les cartes en main et son jeu évoluera, lui aussi, vers quelque chose de plus affirmé. Sans faillir le jeune se met devant, continue, tente des choses sans pour autant exploiter tous les terrains. C’est normal, on ne peut pas être parfait dès sa première !
Le public, bravo à lui, a su soutenir tous les jeunes.
Le vainqueur du trophée Révélations des portes du Tempéras est l’élève valencian Bruno Gimeno Fernandez qui remporte aussi le prix de la meilleure épée. C’est Valentin qui, fort justement, remporte le prix de la meilleure faena.