CAMARGUE Les agriculteurs s'inquiètent pour leurs terres et leur avenir
À l'appel de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs des Bouches-du-Rhône et du syndicat du riz de Camargue, des agriculteurs du secteur grandes cultures se sont mobilisés hier, contre "la sanctuarisation des terres agricoles par le Conservatoire du littoral". Ils dénoncent également la cartographie des cours d'eau.
Hier, mercredi 11 décembre, au matin, des agriculteurs du secteur grandes cultures, ont mené une action symbolique sur des terres du domaine du Mas de la Cure aux Saintes-Maries-de-la-Mer, rachetées il y a une vingtaine d'années par le Conservatoire du littoral. Après avoir défriché un hectare, il ont semé des graines de ray-grass. "Un hectare que pourrait exploiter les agriculteurs", souligne Nicolas de Sambucy, secrétaire général adjoint de la FDSEA 13 et président du canton d'Arles.
D'après Bertrand Mazel, président de l'Union des riziculteurs européens, le Conservatoire du littoral posséderait "30% du territoire camarguais". Si le monde agricole comprend la mission de cet établissement public et la nécessité de son intervention en zones naturelles et sensibles, il refuse de céder du terrain sur des parcelles agricoles, d'autant plus "quand elles se trouvent comme ici à 20 km de la mer". "Ils préemptent sur des terres agricoles qui sont susceptibles de produire, ajoute-t-il, alors qu’on en a besoin pour la souveraineté alimentaire. On est concurrencé par un organisme public qui paye des terres à des prix supérieurs à ceux du marché, ils spéculent et font augmenter les prix."
Conséquence de quoi, les jeunes cherchant à s'installer, en pâtiraient. Au-delà d'une attaque sur le foncier, Clément Lajoux, président Environnement des Jeunes Agriculteurs canton Camargue pointe du doigt "des remontées de sel liées à une non-culture, qui empêchent l’écosystème et la biodiversité de se constituer. Grâce à l'agriculture on créé aussi de l’écologie" Et le même d'ajouter : "Nous les dossiers passent en comité Safer, c’est-à-dire qu’il y a un droit de préempter juridique, eux sont au-dessus de ce droit, un article de loi les couvre. Je veux faire sauter cet article grâce à nos élus."
Le Conservatoire du littoral dit cibler des zones humides identifiées par l'État et l'ensemble des collectivités territoriales, des zones à protéger, lesquelles ont un facteur d'atténuation du changement climatique. "Nous travaillons en étroite collaboration avec les communes, explique François Fouchier, délégué Provence-Alpes-Côte d'Azur au Conservatoire du littoral. Chaque mètre carré a fait l'objet d'une délibération à l'unanimité, accompagnée d'un avis du maire que nous saisissons à chaque opportunité, à chaque acquisition". Et le même de poursuivre : "Le Conservatoire du littoral vise à préserver les terrains non pas côtiers mais des espaces littoraux. Les espaces littoraux c'est dans les cantons côtiers donc toute la commune d'Arles, on va même jusqu'au marais d'Ilon parce qu'on est encore dans des périmètres où il y a des continuités écologiques et des interactions avec la richesse des espaces naturels."
Quant au prix d'achat des terrains, l'établissement public "est soumis à un tarif qui est fixé par un service du ministère des Finances qui s'appelle la direction immobilier d'étapes. Quand on achète une terre qu'elle soit naturelle ou agricole, on est obligé de se conformer à une estimation qui s'appuie sur la valeur du marché. Donc on n'est absolument pas dans l'inflation foncière ni dans la spéculation d'ailleurs puisque nous ne revendons pas ces terres par la suite."
En Camargue, le Conservatoire du littoral est propriétaire de 25 000 hectares comprenant une affectation de l'État des 13 000 hectares de la réserve naturelle nationale, "et parmi les 12 000 hectares achetés il faut compter les 6 500 achetés à la Compagnie des Salins", précise François Fouchier. Sur ces 12 000 hectares, l'établissement public compte 34 conventions d'agriculteurs, principalement des éleveurs. Nicolas de Sambucy critiquait d'ailleurs cette convention "limitée à trois ans". "On ne peut pas installer des jeunes agriculteurs avec une vision à trois ans et le cahier des charges est trop restrictif, pas d'eau, on ne touche pas les terres... C'est du gâchis !" François Fouchier rectifie : "généralement, elles ont une durée de six ans renouvelable. Nous n'avons pas un exemple au niveau national où nous avons mis fin à une activité agricole avec un agriculteur en face et il nous est arrivé de lancer des appels à candidature pour installer des agriculteurs là où il n'y en avait pas." Les syndicats agricoles réclament une concertation à chaque projet d'acquisition.
La cartographie des cours d'eau
Les agriculteurs (FNSEA et les JA) dénoncent également la cartographie des cours d’eau. Pour illustrer leurs propos, direction deux parcelles de terre que cultive Christophe Mandrolini. “Si on regarde aujourd’hui le dessin des cours d’eau BCAE, il est censé y en avoir un devant nous, qui traverse la parcelle en diagonale et qui va directement se brancher sur le Rhône”, explique-t-il. "Ce cours d’eau n’existe plus depuis mon arrière grand-père !" Le riziculteur explique qu’il a pourtant déjà fait constater l’absence de cours d’eau par un huissier, et demandé à la direction départementale des territoires et de la mer de modifier ses cartes. "À tout vouloir réglementer cela nous fait des contraintes. À force de vouloir chercher la petite bête, on va perdre le modèle agricole français", dénonce-t-il devant des représentants nationaux de la FDSEA et des JA. Même problématique sur une autre parcelle. "Il y a un fossé au milieu classé cours d’eau. Un contrôleur qui marchait dans le fossé à sec m’a obligé à mettre une bande enherbée de 5 mètres devant car il m’a dit que c’était un cours d’eau", regrette-t-il. Les agriculteurs ont également regretté d'être obligés de refaire le dessin de leurs parcelles chaque année. "Les roseaux ont poussé, ils sont un peu en intérieur des terres donc ça fait ombrage et vu de satellite on a l’impression qu’il y a moins de surface. Cela prend trois semaines de faire un déclaration Pac."
Les agriculteurs (FNSEA et les JA) dénoncent également la cartographie des cours d’eau. Pour illustrer leurs propos, direction deux parcelles de terre que cultive Christophe Mandrolini. “Si on regarde aujourd’hui le dessin des cours d’eau BCAE, il est censé y en avoir un devant nous, qui traverse la parcelle en diagonale et qui va directement se brancher sur le Rhône”, explique-t-il. "Ce cours d’eau n’existe plus depuis mon arrière grand-père !" Le riziculteur explique qu’il a pourtant déjà fait constater l’absence de cours d’eau par un huissier, et demandé à la direction départementale des territoires et de la mer de modifier ses cartes. "À tout vouloir réglementer cela nous fait des contraintes. À force de vouloir chercher la petite bête, on va perdre le modèle agricole français", dénonce-t-il devant des représentants nationaux de la FDSEA et des JA. Même problématique sur une autre parcelle. "Il y a un fossé au milieu classé cours d’eau. Un contrôleur qui marchait dans le fossé à sec m’a obligé à mettre une bande enherbée de 5 mètres devant car il m’a dit que c’était un cours d’eau", regrette-t-il. Les agriculteurs ont également regretté d'être obligés de refaire le dessin de leurs parcelles chaque année. "Les roseaux ont poussé, ils sont un peu en intérieur des terres donc ça fait ombrage et vu de satellite on a l’impression qu’il y a moins de surface. Cela prend trois semaines de faire un déclaration Pac."