PONTEILS-ET-BRÉSIS Jean de Brisis accède enfin à son château
Si la famille voisine a interjeté appel de la décision de justice qui rendait le chemin rural à son statut, celui-ci n'est pas suspensif. Jean de Brisis a donc pu, ce lundi, accéder à son bien pour en constater l'état, après la chute d'un pan de façade le 20 octobre. Un pèlerinage en compagnie de sa famille, dont le plus grand des enfants a connu le château... à trois mois. Jean de Brisis espère désormais qu'un architecte pourra rapidement étudier la sécurisation du château.
C'est en 2019, avant la période de confinement. Mais si les humains ont, depuis, pu retrouver leur liberté, le château est resté confiné, la faute à la décision des voisins d'en fermer l'accès, condamnant l'édifice classé à la poursuite de sa ruine. En mai, la justice confirmait à la commune qu'il existe bien un chemin rural d'accès (relire ici). Si la famille voisine conteste cette décision de justice, l'appel n'est pas suspensif et Jean de Brisis a pu venir ce lundi, avec femme et enfants, constater l'état de son bien.
Près de sept mètre sur dix de la façade ouest se sont effondrés le 20 octobre (relire ici). L'inquiétude, désormais, repose sur le mur de la face nord. "Et s'il tombe au sud, ce sera sur une propriété des Bouschet", détaille Roger Bacon, ancien maire de la commune. Peut-être ce qui avait motivé un arrêté de péril pris par le maire, Pierre de la Rue du Can, à l'encontre du château, alors que lui-même refusait de rouvrir un chemin qui "a toujours été rural", selon l'ancien maire, rendant ainsi l'accès impossible. Ce lundi, Jean de Brisis se montrait clément envers son confrère (*). "Il prend des mesures pour protéger sa commune. Même si on aurait pu espérer qu'il soit plus dynamique dans l'ouverture du passage."
"Tant qu'on n'a pas gagné, la chose n'est pas sécurisée juridiquement, indique le maître des lieux, accompagné sur place par Laeticia Gineste, présidente de l'association les Amis du Château de Brisis, le trésorier Frédéric Dussaud et la secrétaire Élisabeth Hébérard. Une fois que la jurisprudence parlera, les voisins ne pourront pas s'opposer à la volonté du maire d'aménager le chemin." Alors qu'il faut, aujourd'hui, dépasser un rocher à l'aide d'une échelle, l'ancien maire affirme qu'à "l'aplomb du rocher, le chemin fait six mètres de large". "On sera en mesure de faire une proposition", embraye Jean de Brisis.
"Les partenaires qu'on va pouvoir trouver seront déterminants", poursuit le propriétaire. En 2009, un premier devis établissait à 1,4 M€ la mise en sécurité complète du château. La somme a forcément crû depuis, même si Jean de Brisis fait valoir que dans ces chantiers de pierre de taille, la matière première a subi peu d'évolution tarifaire. "On a un bon contact avec le représentant de la Fondation du patrimoine et le soutien de la DRAC" (direction régionale des affaires culturelles, NDLR), avance Jean de Brisis.
La dernière fois que l'épouse de Jean de Brisis, Majella, était venue au château, elle se souvenait porter dans ses bras son bébé de trois mois, premier de leurs enfants, Mayeul. L'enfant est devenu un solide gaillard adolescent, qui surveillait ce lundi sa soeur et son frère, Auriane et Pierre, afin qu'ils ne s'approchent pas trop près des fragiles murs de la bâtisse. Avec des étoiles dans les yeux en visitant ce château de schiste et lauze. Et sans doute la volonté de voir son père réussir, patiemment, à redonner vie à ce pan d'histoire locale, aidé en cela par les Amis du château ou la fédération d'archéologie et d'histoire du Gard dont le président, Frédéric Salle-Lagarde, a déjà rencontré le Département pour imaginer un accès du chemin vers la route départementale, tout en rencontrant une entreprise de travaux publics pour évaluer le montant nécessaire afin de recréer un accès assez large pour un véhicule. Autant de bonnes volontés devraient tout de même réussir à faire plier l'absurdité de la situation... sous réserve d'une décision judiciaire favorable.
(*) Jean de Brisis est lui-même maire d'un village du Jura