ÉDITORIAL Sourire ultra bright, selfies et punchlines : la politique spectacle a de beaux jours devant elle
La politique spectacle est-elle aujourd'hui devenue la norme ?
Depuis bien longtemps, les acteurs politiques ont fait de la communication l'arme suprême pour s'imposer. Derrière une page de publicité, un écran de télévision, aujourd'hui celui d'un smartphone, ils renvoient une image qui n'est pas forcément la réalité. Et pourtant, ils arrivent pour certains à attirer des électeurs potentiels qui votent pour une "star vue à la télé", oubliant au passage ce qui se cache derrière l'homme ou la femme politique. Biberonnés à la TV réalité, les téléspectateurs ou utilisateurs compulsifs des réseaux sociaux imaginent que la fausse vie d'une personnalité peut venir éclabousser la vraie. Le célèbre quart d'heure d'Andy Warhol s'est transformé en cauchemar. N'importe quel type qui s'exprime bien, ou a le bon costume taillé sur pièce, se croit capable de changer la vie des gens, et accéder au pouvoir suprême. Prenons Jordan Bardella samedi dernier au Grau-du-Roi. Qu'avez-vous retenu de sa visite ? Les selfies avec ses groupies faisant la queue pour une photo avec la star politique du moment. Qu'importe ses idées, ses approximations, son absence d'activité depuis 2019 à Bruxelles, ses inepties. L'essentiel, c'est le souvenir indélébile de la photo figeant l'instant. Mais la politique, ce n'est bien entendu pas cela. Tout le monde a sa chance bien sûr pour accéder aux responsabilités. Heureusement. Mais ce n'est pas aussi simple que l'on voudrait nous le faire croire. D'abord, il faut un peu aimer les gens, et pas seulement soi. Ensuite, il faut être sûr d'avoir la capacité de changer la vie des gens, et ne pas leur raconter des salades. L'expérience compte aussi. Celui qui a déjà dirigé une commune, un exécutif, s'est frotté à la réalité de l'impossible satisfaction de tous est forcément plus enclin à dire la vérité. Le dernier exemple en date en France est flagrant. Le président de la République en exercice Emmanuel Macron a submergé tous les écrans en 2016 jusqu'à sa victoire en 2017. Alors qu'il n'avait jamais été élu. Il a réussi le pari de renverser la table et les partis, indéniablement. Et au final ? Il a fait beaucoup de déçus. Et aujourd'hui, malgré sa promesse de révolution littéraire, il a adopté les mêmes réflexes que ses prédécesseurs. Quelquefois même en pire. Il garde encore des atouts, une audace. Mais les coups tactiques en coulisses marchent moins bien qu'avant. Et à la sortie en 2027, pas sûr que le pays sera mieux qu'à son arrivée dix ans plus tôt...