Publié il y a 1 an - Mise à jour le 21.06.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 1622 fois

ALÈS La Lampisterie, laboratoire social de la Clède à la croisée des besoins et des innovations

"L'horizon du plein emploi (...) masque mal la réalité d'une société de plus en plus fracturée" - Nicolas Ferran, directeur de la Clède

L'assemblée générale de l'association la Clède de ce mercredi matin a ajouté un outil transversal aux dix-neuf services et établissements de la Clède : la Lampisterie, soit un laboratoire d'innovation sociale qui doit permettre de répondre à de nouveaux besoins recensés par les travalilleurs sociaux de la Clède, tout en permettant des passerelles en matière de pluridisciplinarité et une collaboration avec les sciences sociales. Le tout sur fond de hausse peréoccupante des sollicitations et des besoins. 

Le directeur de la Clède depuis deux ans, Nicolas Ferran • François Desmeures

À Alès, le passé minier n'est jamais bien loin. Souvent symbole de solidarité et de déclin - voire de déclin de la solidarité -, l'histoire minière a légué des termes parfois éclairés. Pour les mineurs, la lampisterie était dédiée à l'entretien et à la réparation des lampes, seule lueur dans les couloirs sombres des entrailles de la terre. Un rôle essentiel, donc, qui assurait parfois la survie du mineur. 

La Clède, dont l'assemblée générale, avait lieu ce mercredi matin à son siège de l'avenue Marcel-Cachin, adjoint une définition figurée à ce terme minier. Un "espace de création ouvert et partagé mettant en lumière les pratiques innovantes du travail social". Ou encore, "une démarche participative favorisant l'innovation sociale dans le but de répondre aux nouveaux défis de la société". Soit une matérialisation de ce que la Clède fait déjà, c'est-à-dire ajouter à sa longue liste de missions les besoins que ses travailleurs sociaux recensent sur le terrain. 

"L'horizon du plein emploi (...) masque mal la réalité d'une société de plus en plus fracturée"

Nicolas Ferran, directeur de la Clède

Et des besoins, le bassin alésien n'en manque malheureusement pas. Alors que le président d'Alès Agglo, Christophe Rivenq, a loué une "ère du partenariat" en évoquant le travail de la Clède, le directeur de la structure, Nicolas Ferran, dans "ce moment démocratique et convivial de notre association", a aussi délivré un contexte moins réjouissant. "Tout indicateur confondu, nos activités ont connu une hausse substantielle de près de 20%." Quand le nombre de personnes accueillies a bondi de près de 40% entre 2021 et 2022, passant de 3 800 à près de 5 000. 

L'ouverture de nouveaux services explique une partie de la hausse, Nicolas Ferran rappelant que la Maison des familles avait été inaugurée à l'automne. Tandis que la Clède a géré plus de la moitié des réfugiès ukrainiens parvenus sur le territoire gardois. Nicoals Ferran constate aussi le nombre accru de perosnnes "qui sollicitent spontanément nos équipes", sans nécessairement avoir été orientés "par nos autorités de contrôle". Et ce alors que 2022 aura été "le grand rendez-vous manqué de la revalorisation du travail social", 60% des équipes de la Clède restant exclus de la prime Ségur. Ce qui a amené Nicolas Ferran à une réflexion politique plus large : "L'horizon du plein emploi, que l'on nous promet désormais à courte échéance, masque mal la réalité d'une société de plus en plus fracturée, où de nouveaux précaires viennent grossir les rangs de nos accompagnements." 

Le nouveau président, Patrice Amadori, a remplacé Roselyne Becue-Amoris • François Desmeures

L'assemblée générale de ce mercredi marquait aussi le passage de témoin entre la présidente de la Clède, Roselyne Becue-Amoris, et son successeur, Patrice Amadori. Un ancien du secteur médico-social, qui a dirigé l'institut médico-éducatif de l'Artes, et figurait déjà au conseil d'administration de la Clède. Un "glissement naturel" s'est donc opéré vers la présidence, "avec la volonté de pérenniser la structure dans le contexte d'une paupérisation qui se développe de plus en plus".

Fondée à la fin des années 70 à destination des hommes sortant de prison, la Clède s'occupe désormais de violebnces conjugales, d'asile, d'accueil de jour, fait tourner une ressourcerie, fait vivre un centre social ou un tiers lieu, réalise de l'accueil de jour ou encore met des pensions à destination des familles en difficulté. Si l'association a su porter les dossiers devant les financeurs, c'est aussi que les raisons d'aller les défendre n'ont pas cessé d'augmenter depuis 44 ans.

Pour prolonger, un entretien avec le directeur de la Clède, Nicolas Ferran, sera publié demain matin, dès 8 heures.

François Desmeures

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