FAIT DU SOIR 78e congrès fédéral de la course camarguaise : la transmission comme cheval de bataille
Pour la première fois, la cité graulenne accueillait ce dimanche 12 mars, le congrès de la fédération française de la course camarguaise présidée par Nicolas Triol.
Cette tribune, signée par des personnalités politiques et des associations animalistes, publiée dans le journal Le Monde continue à faire parler d'elle. Que l'on ne s'y trompe pas, le monde de la bouvine n'est pas meurtri, ni même en colère. Il l'était le 11 février dernier, défendant corps et âme les traditions et ses valeurs, notamment de respect et de protection du taureau de Camargue et de son environnement. Mais aujourd'hui, l'heure est à la résilience. Si le mot n'a pas été prononcé, tous les discours prononcés ce dimanche, à l'occasion du 78e congrès de la fédération française de la course camarguaise, allaient en ce sens.
Un nouveau congrès qui, pour la première fois, a été accueilli au Grau-du-Roi, "c'est dire la place forte de la course camarguaise sur ces terres", a commenté le président, Nicolas Triol citant en exemple, le Trophée Étienne-Mourrut du 15 août et le Trophée de la mer. De manière générale, le Gard est le département sur l'ensemble du territoire couvert par la fédération - comprenant également les Bouches-du-Rhône, l'Hérault et le Vaucluse - où il s'est déroulé le plus de courses en 2022, soit 378 sur un total de 782*. Pour un nombre de spectateurs réunis dans les arènes gardoises de 197 590.
Et pour 2023, le calendrier sera sensiblement le même, avec un peu plus de 800 courses programmées, "n'en déplaise à nos sympathiques détracteurs qui annonçaient la suppression de 200 courses. Nous n'avons pas travaillé sur la suppression, mais sur une meilleure répartition", a souligné le vice-président de la FFCC et membre de la commission Calendrier, Joël Dijon. Mais aussi une réorganisation avec un renforcement des courses de taureaux jeunes.
"Nous avons constaté depuis de nombreuses années qu'il y avait moins de courses de taureaux jeunes et donc pas suffisamment de supports d'apprentissage, et peut-être un peu trop de courses à l'Avenir, ce qui engendrait des problématiques de calendriers, de concurrences, de densité de courses, etc.", explique Nicolas Triol. Comme elle l'avait fait l'année dernière et parce qu'encore une fois, tous les feux sont au vert niveau trésorerie (+412 000€), la fédération soutiendra les organisateurs qui feront l'effort de modifier les courses, en leur consacrant une enveloppe globale de 35 750€. Elle était de 50 000€ en 2022. "Depuis que nous avons pris la gouvernance (le 12 mars 2020, NDLR), nous avons des résultats positifs et redistribué 140 450€ aux organisateurs", se satisfait le président.
Les résultats financiers sont au rendez-vous et les préoccupations de la fédération se portent davantage sur le taux fréquentation des arènes, bien sûr, mais aussi au sein des clubs taurins, des écoles de raseteurs, etc. Elle mise donc sur la jeunesse pour faire rayonner la bouvine sur l'ensemble du territoire et lui fait même une place en son sein.
Notamment avec la création en 2022 du "pôle transmission" représenté par Loly Lucas, Jeoffrey Sabatier et Boris Logier. L'objectif étant de développer plusieurs outils pour rendre la course camarguaise accessible aux jeunes. Et s'il existe désormais la "carte jeune" permettant aux mineurs et étudiants de moins de 25 ans d'accéder aux arènes à moindre coût - 2 000 adhésions en 2022 - il n'est pas seulement question d'argent, mais aussi de pédagogie.
Citons par exemple cette immersion totale au sein d'une manade mais également au plus proche des raseteurs et des taureaux à l'intérieur d'une arène grâce à des casques de réalité virtuelle. "En 7 minutes 30, nous proposons un cocktail de sensations fortes", assure Jeoffrey Sabatier, en charge des animations. Cette expérience, comme l'éveil à la course camarguaise dans des arènes gonflables, "et de transmettre le savoir-faire à travers les gestes et les mots en racontant l'histoire de la bouvine, de présenter une mosaïque de l'ensemble de nos traditions", tout en y incluant les enjeux économiques, écologiques et culturels. Pour initier pourquoi pas des vocations, sinon des passions.
Jusque-là réservée au public scolaire et autres du territoire, cette animation de réalité virtuelle sera prochainement disponible - et proposée en quatre langues : anglais, espagnol, allemand et français - dans les offices de tourisme de Nîmes, Remoulins et du Grau-du-Roi. "Notre territoire voit passer chaque année des flux considérables de touristes, de néophytes qui souvent ont des aprioris vis-à-vis de nos traditions, notre culture. Cet outil va nous permettre de remplir nos gradins et de faire de ces touristes les ambassadeurs de nos traditions une fois repartis chez eux", explique Jeoffrey Sabatier. L'ambition pour la fédération cette année est de poursuivre le développement de ce "pôle transmission" qui se met au service de tous les acteurs de la bouvine : manadiers, raseteurs, organisateurs de courses, etc.
Un diplôme d'honneur pour la reine d'Arles
Camille Hoteman-Moya, 24e reine d'Arles, a reçu ce dimanche un diplôme d'honneur des mains du président de la Fédération française de course camarguaise. Lors de son discours, l'ambassadrice du peuple provençal l'a assuré : "la course camarguaise est prête à libérer le meilleur d'elle-même pourvu qu'on lui montre l'horizon. Nous avons un patrimoine hors du commun, qui est aujourd'hui menacé. L'union et la transmission seront les clés pour qu'il puisse perdurer."
* 839 courses étaient initialement prévues en 2022, mais une cinquantaine a dû être annulée, principalement à cause des conditions météorologiques.