ARLES Grève à Transdev : les salariés "ne tiennent plus"
Des salariés de Transdev Arles, en charge du transport urbain et péri-urbain pour la communauté d'agglomération Arles Crau Camargue Montagnette, étaient en grève ce mercredi à l'appel de la CGT et de FO. Ils dénoncent leurs conditions de travail et la volonté du groupe de sous-traiter le service scolaire.
"Les clients et le personnel sont pris en otage ! La direction ne veut pas discuter." Ce mercredi matin, des salariés du réseau de bus Transdev Arles, en grève durant toute la journée, distribuaient des tracts sur le marché d'Arles pour expliquer les raisons de leur mouvement. Les grévistes (CGT et FO) dénoncent tout d'abord leurs conditions de travail. Et ils le martèlent, ils mènent ce combat autant pour eux que pour les usagers. "Le service a été fait de telle sorte que les horaires ne peuvent pas être respectés. Nous n'avons plus assez de conducteurs pour assurer le volume qu'ils ont vendu, alors ils suppriment des horaires. Mais si un bus ne passe pas, le suivant est plein, et le conducteur s'en prend plein la gueule car les clients ne sont pas contents, regrette un employé. On comprend la colère des gens, ils attendent des heures en plein vent ou en plein soleil. Mais ceux qui roulent ne sont pas responsables, ils sont eux aussi victimes", tient-il à rappeler.
"C'est long 7 heures sans pause !"
Les grévistes pointent du doigt un cercle vicieux. "Plus les gens sont énervés plus les conducteurs sont tendus, et plus ils ont des motifs d’être mal et de faire des dépressions ou des burn out, et donc, plus il y a d'arrêts maladie..." Outre les rapports qui se dégradent avec les usagers, les employés dénoncent un matériel vieillissant les empêchant par exemple de régler leurs sièges, mais aussi l'absence de pauses. "Il y a des temps de battement théoriquement prévus pour réguler le flux et éviter les retards. Il y a par exemple 5 minutes à un moment du service, si le conducteur est en retard il continue de rouler pour le rattraper. S'il est à l'heure, il s'arrête 5 minutes", explique ainsi un chauffeur gréviste. "La direction considère ces temps de battement comme des temps de pause, ils ne nous en accordent pas de vraies. Ceux qui sont en retard n'en ont donc pas !"
L'un de ses collègues poursuit : "C'est long 7 heures sans pause ! La sécurité routière recommande de s'arrêter toutes les deux heures !" Contactée, la direction réfute ces accusations. "Nous sommes bien au-delà des contraintes réglementaires qui sont de 20 minutes par service de 6 heures. Sur deux semaines nous avons calculé sur la ligne 2 en moyenne 1h16 de pause par service, et jamais moins de 45 minutes malgré les réductions de temps de pause et de battement en raison des aléas", assure Tristan Guillemard, le directeur de Transdev Arles.
Sous-traitance des services scolaires
Les employés font part d'un nombre croissant d'arrêts maladie, qu'ils mettent en partie sur le compte de leurs conditions de travail. "Fin août, il y avait une trentaine de salariés absents sur 95 ! On nous dit qu'on est des fainéants, des tricheurs. Il y en a sans doute comme partout, mais pas 30 personnes. C'est vraiment qu'on est arrivés à un palier qui est un point de non retour. Les gens ne tiennent plus !" Si les salariés tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme, c'est aussi parce qu'ils craignent pour la pérennité de leurs emplois. "Nous avons eu une réunion au mois d'août au cours de laquelle on nous a dit que si l'absentéisme continuait, ils allaient faire appel à de la sous-traitance en septembre pour les services scolaires. Et ils sont arrivés en septembre avec un plan déjà prêt", s'inquiètent-ils, craignant des licenciements.
De son côté, la direction l'assure : "L'emploi sera préservé. L'objectif est tout simplement de récupérer des conducteurs sur ce service pour les réintégrer dans notre coeur de métier qui est le réseau urbain car on a un vrai sujet d'absentéisme." Tristan Guillemard ajoute également que "le dialogue social s'effectue de manière normale. Nous sommes dans une phase de discussions." La sous-traitance serait effective au premier janvier 2025. Les grévistes réclament un soutien de l'ACCM qui les a récemment reçus à ce sujet. "On a un marché public avec Transdev et une exigence de résultat sur le rendu de ce service public qu’on veut de qualité, indique Marie-Amélie Ferrand-Coccia, déléguée aux transports au sein de l'ACCM. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir des bus et qu’ils soient à l’heure. Toutes les problématiques sociales entre la direction et les conducteurs ce n’est pas vraiment de mon ressort. Même si je voulais faire quelque chose, je ne pourrais pas." Les grévistes prévoient d'ores et déjà d'autres journées de mobilisation dans les semaines à venir.