Publié il y a 6 h - Mise à jour le 20.12.2024 - Louise Gal - 3 min  - vu 180 fois

ARLES Les soutiens de la Ligue des droits de l'Homme s'invitent au conseil municipal

Marguerite Pozzoli, la présidente de la LDH à Arles et Patrick de Carolis avant le début du conseil municipal.

- Louise Gal

Jeudi 19 décembre, un rassemblement était organisé devant la Maison de la vie associative d'Arles (MDVA), en soutien à la Ligue des droits de l'Homme qui en a récemment été exclue. Les manifestants ont tenté de poursuivre les débats lors du conseil municipal. 

"Il y a un peu plus d’un an, nous étions à la Maison de la vie associative d'Arles (MDVA) et nous présentions nos voeux avec d’autres associations. Nous revenions sur nos activités de l’année écoulée et nous annonçions nos actions à venir", se remémore Marguerite Pozzoli, la présidente de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) d'Arles, jeudi 19 décembre peu après 16h30. Un rassemblement de soutien était organisé devant la MDVA suite à l'exclusion de la LDH annoncée la semaine dernière. "Nous n’aurions jamais imaginé qu'un an après, nous serions ici pour vous parler de cette expulsion d’une maison qui était en quelque sorte la nôtre. Et pour des causes qui tiennent surtout au fait que la projection d’un film qui parlait de ce qu’il se passe à Béziers a été refusée et que notre action en justice n’a pas été considérée comme un recours normal mais comme quelque chose qu’il fallait sanctionner.

Des prises de paroles ont eu lieu devant la MDVA. • Louise Gal

De très nombreuses personnes étaient présentes pour dénoncer une décision "non seulement incompréhensible, mais qui constitue une atteinte à la liberté associative", a-t-elle indiqué, lisant un texte signé par plus de 30 associations et collectifs arlésiens et régionaux. "L'exclusion d'un service public de la vie associative est le signe inquiétant d'un recul de la vie démocratique de notre pays. Nous mettrons tout en oeuvre pour faire annuler cette décision." Claudine Pellé, comédienne, auteur et metteur en scène chez la Compagnie de l'ambre, a alerté sur une "censure qui laisse présager d'autres actes anti-démocratiques". "Cette expulsion est un outrage à la liberté d'expression", a-t-elle poursuivi, en se demandant "à qui le tour ?".

De nombreuses personnes étaient présentes pour soutenir la LDH. • Louise Gal

Après avoir rappelé le soutien de l'union locale CGT d'Arles à la LDH, Nicolas Bourcy, le secrétaire général, a de son côté souligné que la section faisait le lien avec "l'attaque faite contre sa subvention et contre ses locaux dans la Bourse du Travail". Le même de poursuivre : "Un vent mauvais pour la démocratie sociale souffle sur la ville d'Arles où la municipalité et ses satellites s'attaquent aux organisations progressistes, syndicats, associations, en cherchant à les affaiblir et à les invisibiliser en les privant de leurs moyens." Alors que les prises de paroles s'enchaînaient, Patrick de Carolis qui se rendait au conseil municipal - qui se tenait à 17h dans la salle des fêtes-, a été vivement hué. 

La manifestation se poursuit au conseil municipal

Les personnes présentes ont alors tenté de poursuivre les discussions dans la salle du conseil. "Ma règle d'or, c'est de ne jamais intervenir dans les associations et dans les lignes éditoriales des associations", a indiqué Patrick de Carolis, avant de clore les échanges et de lancer le conseil municipal. C'est dans un climat tendu que la séance a débuté, alors que le maire engageait les discussions sur le cyclone à Mayotte. "L'ordre du jour d'un conseil municipal est établi par le maire. Toute question n'ayant pas un rapport direct avec cet ordre du jour sera renvoyé à la fin du conseil aux questions diverses", a-t-il prévenu. Cyril Girard a toutefois tenté une intervention, soulignant "que ce n'est pas la première fois qu'un sujet d'actualité s'impose au conseil municipal, et les fois précédentes vous n'aviez pas remis la discussion à la fin de la séance." Intervention coupée par Patrick de Carolis, fortement hué et sifflé par les personnes présentes dans la salle. "Liberté d'expression !", "déni de démocratie !" pouvait-on entendre. Après avoir réclamé le silence, le maire a finalement suspendu à deux reprises la séance, avant que les soutiens de la LDH ne finissent par sortir. "Quand le peuple est là, on lui parle, on ne lui dit pas de partir", ont-ils fustigé. 

C'est finalement après 62 délibérations et plus de 6h de débats que la question de la LDH a pu être évoquée lors des questions diverses. "C’est de votre responsabilité de préserver ce tissu associatif, afin qu’il soit vivant, diversifié, libre. La MDVA reçoit la majorité de sa subvention de la ville, vous avez donc un rôle à tenir vis à vis de cette décision", a estimé Nicolas Koukas. "Le conseil d’administration est souverain. S’il y a un litige il y a des recours juridiques possibles. Comme il y en a un, je ne peux pas intervenir. Il faudrait que le juge demande une médiation. S’il y en a une, on verra qui la mène. Mais tant qu’il y a ce recours là, il ne pourra pas y avoir de médiation", a considéré le maire. "Avant c'était trop tôt, maintenant c'est trop tard", a regretté avec ironie Cyril Girard, qui estime que la présidente de la MDVA "déroule le tapis rouge au RN en même temps qu'elle vire la LDH."

Louise Gal

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