ARLES L’œil à vif de Mary Ellen Mark
Baptisée Rencontres, la première rétrospective mondiale de l’œuvre de la célèbre photographe américaine est présentée jusqu’au 29 septembre à l’espace Van Gogh à Arles.
Depuis le 1er juillet, jour d’ouverture officielle de la 55e édition des Rencontres d’Arles, l’espace Van Gogh ne désemplit pas. Les visiteurs en nombre viennent y découvrir la première rétrospective mondiale consacrée à la talentueuse photographe américaine Mary Ellen Mark. Portraitiste au regard humaniste, attirée par les laissés pour compte et les exclus, celle qui a documenté durant des décennies des mondes à part est ici mise à l’honneur à travers son approche sociale de la photographie. Se servant de son boîtier comme un révélateur d’une société multiple et plus complexe qu’on veut bien le laisser croire, elle réussit à dialoguer avec des êtres à vif, résidents d’un monde secret, un univers des damnés broyé par la violence quotidienne.
Sans artifice !
La façon de travailler de Mary Ellen Mark se caractérise, entre autres, par son empathie et sa persévérance. Elle consacrait, en effet, beaucoup de temps et d’attention à ses protagonistes, retournant parfois les photographier à plusieurs reprises et cela sur plusieurs années. C’est le cas notamment de la série sur la famille Damm : Dean, Linda et leurs deux enfants. Une famille de sans-abris qu’elle photographiera pour la première fois dans sa voiture en 1987 et dont elle suivra l’errance pendant huit ans pour le magazine Life.
Le cliché pris en 1987 fait partie des images emblématiques réalisées par cette photographe native de Pennsylvanie dont on a trop longtemps sous-estimé l’importance de son travail dans l’histoire de la photographie du XXe siècle. Attachée aux personnes qu’elle photographie, elle nouera avec nombre d’entre eux des relations intimes. Sans artifice, ni voyeurisme, elle s’immerge dans leur existence en évitant tout prisme moral ou jugement.
Cinq grands thèmes
Cette rétrospective dirigée par Sophia Greiff et Melissa Harris s’articule autour de cinq grands thèmes que sont les enfants des rues de Seattle abandonnés par leur famille, les missions de Mère Teresa à Calcutta, les femmes placées à l’hôpital psychiatrique de l’Oregon – l’idée du projet lui est venue alors qu’elle était photographe de plateau sur le film Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman en 1975 - , les prostituées à Mumbai et les familles de forains en Inde. Sans oublier les clichés sur la famille Damm ou encore la série Streetwise qui relate la vie de Tiny Blackwell, prostituée rencontrée alors qu’elle est à peine âgée de 13 ans et que Mary Ellen Mark va suivre et photographier durant plus de trente ans (Elle en fera un livre et un film réalisé par son époux Martin Bell).
L’exposition présente également des archives rares de la photographe telles que des planches-contacts, des notes personnelles et sa correspondance officielle qui permettent de mieux saisir la genèse de ses séries documentaires. Décédée en 2015, Mary Ellen Mark avait foi en l’être humain et chacune de ses prises de vue est là pour en témoigner et éviter de tomber dans le désespoir.
Exposition de Mary Ellen Mark à l’espace Van Gogh, Rencontres d’Arles, du 1er juillet au 29 septembre.
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Le musée Carré d’art à Nîmes, qui fait partie de la programmation des Rencontres d’Arles 2024, présente une exposition du photographe belge Alassan Diawara. Celui-ci a imaginé un nouvel ensemble photographique pour lequel il a parcouru Nîmes et ses environs pendant plusieurs mois. Ses images interrogent la jeunesse, les liens entre les différentes générations à l’échelle de familles ou de communautés, et cherche ainsi à saisir une certaine essence de l’imaginaire du Gard et de la Camargue.
Exposition jusqu’au 22 septembre accessible sur présentation du forfait des Rencontres d’Arles 2024.