ARLES Renouvellement urbain de Barriol : des interrogations subsistent
La première réunion de concertation officielle pour le projet de renouvellement urbain du quartier Barriol a eu lieu le mercredi 13 novembre au sein du Musée départemental Arles Antique. De nombreux habitants étaient présents. Si certains semblaient satisfaits, d'autres s'inquiètent notamment d'une possible gentrification de Barriol...
Mercredi 13 novembre, élus, bailleurs sociaux et techniciens présentaient au sein de l'auditorium du Musée départemental Arles Antique le projet de rénovation urbaine du quartier de Barriol, retravaillé suite à la première réunion publique organisée le 11 avril dernier. L'ambition de ces premiers plans est de "casser le labyrinthe et de rendre le quartier beaucoup plus fonctionnel", explique Benoît Campion l'architecte en chef de ce programme qui s'élève à 120 millions d'euros. "Il faut que ce quartier soit sécurisé, fonctionnel, par exemple pour la collecte des déchets, qui est un point qui a été beaucoup évoqué durant les concertations, mais également plus convivial et agréable pour circuler à pieds, à vélo, et en voiture avec la question des places de parking."
Concrètement, trois nouvelles rues vont voir le jour afin de le désenclaver et quelques évolutions ont été apportées depuis le mois d'avril. "En démolissant les bâtiments qui font des angles, on trace une nouvelle rue afin de pouvoir tourner autour des Peupliers", détaille-t-il par exemple, plan à l'appui. Parmi les évolutions présentées, la création d'une rue en diagonale passant devant Le Barriol. La démolition du centre commercial et médical situé au coeur du quartier inquiétait quelques habitants avant le début de la réunion. Les plans prévoient l'implantation de commerces et de services dont un pôle santé à l'entrée du quartier, à côté du conservatoire de musique. Mais les élus tiennent à rassurer en indiquant que l'installation de commerces de proximité est également prévue au centre du quartier ainsi qu'au pied des résidences.
Une gentrification de Barriol ?
L'architecte rappelle également que l'habitat est l'un des enjeux majeurs de ce projet. "Il faut le diversifier et avoir de nouveaux habitants dans le quartier et autour", indique-t-il, tout en rappelant la contrainte des inondations qui rend plusieurs espaces non constructibles, comme sur l'avenue Allende. Une résidentialisation des immeubles est prévue grâce à l'aménagement des espaces appartenant aux résidences avec la mise en place de parkings, d'aires de jeux, d'espaces végétalisés etc. Au total, 218 logements seront démolis, 225 construits, et 509 réhabilités. "Les cours qui résonnent beaucoup seront systématiquement ouvertes, notamment la place Toscane, et les ilôts résidentiels seront retravaillés à taille humaine", développe Benoît Campion, pendant que quelques habitants prennent des notes.
Si aucun promoteur immobilier n'a été pour l'heure présenté pour la reconstruction des logements, une habitante s'est tout de même interrogée au sujet d'une annonce immobilière qu'elle a vue passer sur internet. "J'ai vu sur le site de Logic-immo qu'au 42 Quai des platanes, il y aurait une résidence qui s'appellerait Les Arènes, et le promoteur serait Novanea. Pouvez-vous nous en dire plus ?" Si elle confirme la création de logements à cet emplacement en parallèle de l'installation d'un port de plaisance, Cécile Bastide de Grand Delta Habitat assure qu'aucun promoteur n'a pour l'heure été retenu pour leur construction. Y-aura-t-il un mélange entre logements sociaux et non sociaux lors de la reconstruction ? "Le but de la diversification c'est de ne pas faire de logements sociaux", répond Cécile Bastide. Si le maire reconnaît de son côté qu'il y a "20 ou 30 % de logements sociaux obligatoire dès lors qu'on construit du non social", il n'assure pourtant pas qu'il y en aura dans tous les bâtiments reconstruits. "On ne sait pas encore", indique-t-il à propos du Quai des platanes.
Des habitants inquiets de ne pas pouvoir revenir
Des réunions avec les locataires dont le logement va être démoli ont déjà eu lieu depuis juin avec la bailleur 13 Habitat afin de reccueillir leurs besoins et leurs souhaits. Sur les 132 familles occupantes, 59 désirent revenir à Barriol, 49 veulent rester à Arles et 22 sortir de la commune. Pour les 70 familles concernées par la démolition de la résidence du Quai des platanes du bailleur Grand Delta Habitat, des enquêtes sociales devraient avoir lieu en 2025. Erilia prévoit également une concertation en septembre 2025 avec les locataires Des peupliers qui va être réaménagé. L'architecte insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas simplement de "désenclaver le quartier, mais d'y faire venir la ville." L'installation du conservatoire de musique du Pays d'Arles fait partie des projets illustrant cette volonté affichée par Patrick de Carolis.
Si certains habitants applaudissent, d'autres semblaient plus inquiets, à l'image d'une habitante concernée par le déménagement. "Je veux absolument revenir à Barriol, cela fait 40 ans que j'habite au même endroit, je suis très bien où je suis donc je n'ai pas envie de partir", indique-t-elle aux élus et à son bailleur social. "Je travaille mais je n'ai pas le permis, j'ai un vélo. Ne me mettez pas à Griffeuille ou ailleurs. Je cherche juste la même superficie", argumente-t-elle. "Nous allons tout faire pour respecter vos souhaits", assure Frédéric Mignon, directeur général de 13 Habitat sans pour autant garantir aux habitants le souhaitant un retour à Barriol. Tout dépendra des moyens des familles, du montant des loyers et de la superficie des logements proposés.
Plusieurs concertations encore prévues
D'autres prises de paroles ont souligné le malaise de certains habitants, notamment du collectif Barriol en colère à propos des écoles. "Trouvez-vous normal qu'il y ait des rénovations partout dans la ville et que nous on nous demande d'attendre ? Vous auriez pu répondre à de nombreuses demandes sans attendre cette rénovation urbaine", souligne l'habitante qui se fait la porte-voix du collectif. Patrick de Carolis a assuré intervenir dès lors qu'un disfonctionnement était révélé dans une école, mais a pointé du doigt une enveloppe insuffisante pour permettre la rénovation d'une traite des 39 écoles qui ne sont pas en bon état sur la commune.
Plusieurs ateliers de concertation sont encore prévus ainsi que des réunions thématiques entre 2025 et 2026 "afin que le programme du cahier des charges soit le plus adapté aux attentes des habitants." La maison du projet installée au sein du centre social Christian Chèze permettra également à la population de suivre les avancées de ce projet qui devrait s'étaler entre 2024 et 2030, grâce à une exposition qui sera actualisée. Deux permanences d'informations y sont également programmées : le 20 novembre de 12h à 20h et le 5 décembre de 12h à 19h. Par ailleurs, un appel à candidatures pour faire partie de l'un des trois conseils citoyens de la ville est en cours jusqu'au 20 décembre. C'est un véritable acteur de la politique de la ville", appuie Érick Souque, adjoint à l'action sociale.