Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 13.10.2024 - Louise Gal - 4 min  - vu 821 fois

FAIT DU JOUR Nouvelle vie pour les Marais du Vigueirat

Cyril Gombert, directeur des Marais du Vigueirat

Cyril Gombert.

- Louise Gal

Située à moins de 30 km du centre-ville d'Arles, la réserve naturelle des Marais du Vigueirat abrite plus de 3 500 espèces animales et végétales. Depuis six mois, un nouveau directeur est à la tête de l'association gestionnaire du site. Et il ne manque pas de projets. 

Depuis le mois de mai, les Marais du Vigueirat ont accueilli un nouveau directeur, et qui dit nouveau directeur dit également nouvelle ligne de conduite. Cyril Gombert est issu du milieu de la protection de la nature. Il a d'abord dirigé une association qui travaillait sur les questions de sensibilisation à l’environnement durant quinze ans, avant de devenir pendant cinq ans vice-président du Parc National des Calanques, puis de faire du consulting en développement durable. Les Marais du Vigueirat ne lui étaient également pas inconnus puisqu'il y a effectué ses stages de faculté de biologie. 

"C'est une réserve naturelle nationale, ce n'est pas Disneyland"

"Notre raison d'être c'est la gestion de la nature, c'est le pilier principal auquel viennent ensuite se greffer d'autres missions", expose-t-il d'emblée. Le conservatoire du littoral a en effet confié à l'association la gestion de cet espace naturel, dont une partie est classée par l'État en réserve naturelle nationale. C'est pour cette raison qu'il a, dès son arrivée, pris la décision d'annuler le projet de petit train électrique pour faire des balades dans la réserve. "C'est une réserve naturelle nationale, ce n'est pas Disneyland", martèle-t-il avant de poursuivre : "Pour amortir son coût, il aurait fallu faire de grosses campagnes de publicité et faire venir énormément de monde...Ce n'est, me semble-t-il, pas compatible avec la mission de conservation de la nature qu'on nous a confiée."

Pour autant, le nouveau directeur est conscient des enjeux de ce site, économiques d'une part, puisque les subventions publiques ont baissé. S'il assure que la situation est désormais stabilisée, il estime en revanche qu'un vrai modèle économique doit être pensé et qu'il faut donc trouver des revenus connexes. Il y a d'autre part la nécessité pour la structure de remplir son rôle d'éducation à l'environnement pour lequel l'État l'a mandatée. C'est la raison pour laquelle il a décidé de revoir la mission d'écotourisme, avec pour objectif "d'accueillir plus mais mieux, pas en faisant n'importe quoi, en accueillant majoritairement le public sur le site hors réserve naturelle."

Rendre le site plus accueillant

Afin de rendre le site plus accessible, Cyril Gombert a décidé de tester une baisse des tarifs. Ainsi, dès les vacances de la Toussaint, une visite guidée avec le mini bus électrique et un accès au sentier coûtera au total 18 euros par adulte et 9 euros par enfant, contre 26 et 18 euros actuellement. "C'est un tarif social pour permettre à un public familial local, qui ne roule pas forcément sur l'or de venir passer la journée ici. Je souhaite le garder en 2025", annonce-t-il. Le directeur aspire également à ce que les Marais du Vigueirat soient un lieu de vie. Une aire de jeu éco-conçue sera ainsi installée en face de l'accueil avec des tables de pique-nique. Depuis cet été, des boissons en canettes, des glaces fabriquées en Provence ou encore des chips locales sont également désormais proposées. En outre, la buvette, fermée depuis quelques temps, devrait réouvrir ses portes à partir du printemps. "L'objectif est de montrer que l'environnement, l'engagement écologique, ce ne sont pas que des coûts et des contraintes, cela peut aussi être fun", considère-t-il.

Autre ambition, attirer les groupes en reliant les marais au reste du territoire arlésien en leur proposant des produits touristiques avec d'autres entités comme le Parc Naturel des Alpilles, ou bien des lieux culturels à Arles. "On nous a longtemps reproché d'être enfermés dans les marais, donc nous pensons développer l'accueil de ce type de public de cette façon, car nous ne sommes, par exemple, qu'à 15 minutes des Alpilles", souligne-t-il. Le site accueille aujourd'hui environ 18 000 personnes par an. Cyril Gombert ambitionne d'atteindre 50 000 visiteurs par an, "sans avoir d'impact sur la nature", promet-il avant de justifier ses propos. "Nous développons les visites hors réserve naturelle, et le fait de se connecter avec d'autres territoires permet de faire en sorte qu'un groupe ne passe qu'une demi-journée ici. Ce sont également des publics canalisés, avec des guides, qui ne vont donc pas faire n'importe quoi." En plus de développer l'accueil des familles et des groupes, il souhaite aménager un hangar afin d'accueillir des séminaires d'entreprises. 

La protection de la nature au coeur des missions des chantiers d'insertion

Les Marais du Vigueirat comportent également quatre chantiers d'insertion. L'un d'entre eux travaille à l'entretien du site et l'association vend les prestations des trois autres. "Nous sommes en train de les remettre dans notre coeur de métier qu'est la protection de la nature, car ils s'étaient un peu éloignés de cet objectif. Certains avaient par exemple nettoyé les ronds-points à Arles", confie-t-il. Cyril Gombert estime qu'il ne faut pas faire n'importe quoi, mais qu'il ne faut pas non plus se focaliser uniquement sur la réserve. "Si nous enlevons les espèces exotiques envahissantes chez nous, mais qu'à 50 mètres ils ne le font pas, elles vont revenir. Il faut donc travailler de manière globale pour avoir une chance de remplir notre mission."

En ce moment, les marais sont vigilants sur deux espèces exotiques envahissantes : la jussie et le baccharis. L'association travaille également avec la fondation de la Maïf pour réouvrir des milieux. Les Marais du Vigueirat qui comptent 41 salariés ne manquent donc pas de projets pour cette nouvelle année. 

Louise Gal

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