FAIT DU SOIR Parc naturel régional de Camargue : une nouvelle charte en vue et des inquiétudes
Dans le cadre de la révision de sa charte, le Parc naturel régional de Camargue organise des concertations avec les habitants du territoire. C'est ainsi qu'une réunion publique était organisée à Salin-de-Giraud jeudi 28 novembre.
Une quinzaine de personnes étaient présentes jeudi 28 novembre à la réunion publique organisée à Salin-de-Giraud sur la révision de la charte du Parc naturel régional de Camargue. Le premier atelier proposé à la population dans l’optique du lancement de l’élaboration de la charte 2026-2041 a eu lieu le 22 octobre dernier. Il s'agit de la troisième étape pour élaborer le projet de charte. Christophe Fontfreyde, le directeur du Parc, Estelle Rouquette, la directrice adjointe, et trois autres agents du Parc ont échangé pendant plus de 2h30 avec les habitants. "Depuis quand le Parc existe-t-il ? Trinquetaille en fait-il partie ? Quelles sont ses missions ?" Plusieurs questions ont ainsi été posées afin de tester les connaissances des locaux lors d'un quizz à main levée.
"La charte est un projet de territoire écrit par les habitants du territoire"
Le directeur a ensuite expliqué la fonction de la charte. "Ce que nous allons écrire ensemble va orienter la manière dont le territoire va évoluer. Ce n'est pas un document opposable, on ne peut pas vous mettre un procès verbal parce que vous ne la respectez pas, concède-t-il. Par contre, son esprit doit être respecté. Des organismes publics et des entreprises privées s'engagent dans cette charte qui est validée par le premier ministre. Quelqu'un peut aller voir le tribunal administratif en disant qu'une décision prise n'est pas conforme à la charte", explique-t-il.
La parole a ensuite été donnée aux habitants, à la fois curieux, inquiets pour certains, mais tous convaincus de l'importance du Parc pour protéger leur territoire et ses particularités. La demande d'un retour plus fréquent sur les actions mises en oeuvre par le Parc a notamment été formulée. "Pour le moment, le retour vers les habitants se fait en partie par l'intermédiaire des associations du conseil consultatif", explique le président. Divisées en deux groupes, les personnes présentes ont pu décrire ce qui, d'après elles, a évolué depuis 2011, ce qui va évoluer entre 2026 et 2041, et ce qu'elles souhaitent que la charte inscrive pour leur territoire. Parmi les constats énoncés à Salin-de-Giraud, figure l'impression qu'il y a eu une diminution de la biodiversité, une disparition des points d'eau douce, ou encore une augmentation du tourisme. Les habitants ont également formulé la volonté de maintenir l'industrie salinière.
Les agents ont pris note de toutes les réflexions et propositions énoncées. "La charte est un projet de territoire écrit par les habitants du territoire", martèlent les membres du Parc. Les informations apportées lors des différentes réunions consultatives seront vérifiées par le conseil scientifique. Les prochaines concertations prévues sur la commune d'Arles auront lieu le 4 décembre à 17h30 à Gageron, et le 5 décembre à 17h30 à la mairie de Sambuc. Une deuxième phase de concertation sera ensuite organisée à partir du début du printemps. La charte est valable 15 ans, mais la précédente a été prolongée de 4 ans et est donc valable jusqu'en 2026. Toutefois, l'écriture de la nouvelle charte ayant pris beaucoup de retard, la prochaine ne devrait être validée qu'en 2029.
"Existera-t-il un Parc naturel régional en 2026, 2027 ?"
Un retard qui suscite de très nombreuses inquiétudes. "Existera-t-il un Parc naturel régional en 2026, 2027 ? se questionne Raphaël Mathevet, co-président du conseil scientifique du Parc. S’il y a une période de vacance, cela pourrait laisser la porte ouverte à des aménagements lourds en l’absence de charte. On a aussi beaucoup de craintes sur le retard pris, sur les difficultés de mise en route de la révision de cette charte et sur les délais très serrés qu’il va falloir tenir…", confie-t-il tout en précisant que "la situation financière, administrative et technique du Parc s'est améliorée" et que la "confiance est renouvelée" entre le conseil scientifique, la direction et la présidence. Ses inquiétudes sont partagées par Cyril Girard, élu d'opposition à la mairie d'Arles, membre du collectif Changeons d'avenir. "Il y a de grands projets très destructeurs qui arrivent sur le territoire, comme le développement de l’éolien en mer, qui a déjà commencé à Port-Saint-Louis-du-Rhône, le projet d’autoroute au Nord de la Camargue et la ligne très haute tension, énumère-t-il. On craint que ces projets industriels voient le jour sans aucune condition dans ce laps de temps, vu la présidence telle qu’elle est organisée et vu le manque d’énergie des élus locaux pour reprendre la main sur le Parc."
S'il rappelle que la structure va continuer à fonctionner en appliquant la charte actuelle car le syndicat mixte existera toujours, le directeur explique en effet que juridiquement parlant, la charte n'existera plus à partir de février 2026. "C’est un outil protecteur, donc sans la charte la protection diminue", admet-il. Anne Claudius-Petit, présidente du parc depuis 2022 estime toutefois que "les acteurs économiques ne peuvent pas faire comme si [on] n'existait pas, d'autant plus qu'[on] est une partie de la réserve de biosphère avec une reconnaissance Unesco." L'obtention d'un nouveau délai n'est toutefois pas inenvisageable, bien que peu probable. "Nous avons déjà obtenu une prolongation donc en théorie ce n'est pas possible. Mais le premier ministre peut décider qu'il souhaite la prolonger de deux ou trois ans supplémentaires", indique ainsi le directeur.