PRATIQUES INSOLITES Toreo de salon, un art à part

Firmin Gonzalez et Gérald Mas ont créé l’association Toreo Passion en 2014.
- S.MaCet été, Objectif Gard vous propose de découvrir tous les vendredis, un sport ou une pratique insolite. On démarre avec le toreo de salon, bien plus qu'une discipline, un art à part entière. À Arles, Firmin Gonzalez, ancien banderillero, en est le maestro. Il y a dix ans, il créait l’association Toreo Passion, avec Gérald Mas, un aficionado.
Le regard fixé sur ces cornes qui le prennent pour cible. Dans sa main droite, la muleta tenue fermement. Sa main gauche est posée sur sa hanche. Il avance à petit pas vers les deux pointus, sans hâte, ni agitation. Il tente une passe… « Tu bouges trop ! », gronde alors Firmin Gonzalez. Derrière ses lunettes noires, un regard affûté. « Chaque personne ici est différente. Peu m’importe qui elles sont. La seule chose qui m’intéresse, c’est le sentiment. Je veux voir leurs yeux briller », promet l’ancien banderillero. Avec Gérald Mas, aficionado, il a créé l’association Toreo Passion en 2014. Pas question de se frotter aux écoles taurines, seule la beauté du geste compte sans ambition précise, sinon de faire vibrer celles et ceux qui les ont rejoints. « Là, voilà, ça c’est beau. » Cigarette à la main, mimant au ralenti la plus belle façon de manier la muleta, Firmin encourage José.
Mais le septuagénaire ne baisse pas les bras pour autant, c’est un combat qu’il mène contre lui-même. Il poursuit sa chorégraphie, toujours les yeux rivés sur les cornes. Elles sont manipulées par l’une des membres de l’association, car jamais un vrai toro entre dans cette danse si particulière. « On est à tour de rôle le torero et le toro. Pour l’un comme pour l’autre, cela demande beaucoup de concentration, le moindre détail compte. Pour le torero, il faut savoir maîtriser son corps, le poignet, l’épaule, les jambes etc. » Quant à la bête, il ne s’agit pas de foncer tête baissée, il faut savoir jouer de divers tempéraments pour être au plus près de la vérité.
L'école de l'humilité
Car de temps à autre, trois à quatre fois par an, Toreo Passion s’échappe de son terrain de jeu habituel, sous la grande voûte de la salle la Muleta à Arles, et participe à des tientas organisées par des élevages de la région. Face aux vachettes, la tension monte d’un cran. « Bien sûr, on a la trouille, ça nous arrive de nous faire accrocher, ça fait partie du programme », s’amuse José.
Et le même de poursuivre : « C’est à nous de faire des efforts sur nous-mêmes. Par exemple moi, je sais que je suis trop statique, c’est un défaut sur lequel je travaille. Vous savez, c’est l’école de l’humilité. Devant la bête, on ne peut accuser personne d’autre que soi. Si on fait mal, nous sommes les seuls fautifs. » Ni sang, ni mise à mort, ces épreuves de sélection permettent de tester le comportement, l’aptitude, la bravoure des jeunes vaches. Téléphone à la main, l’Arlésien - originaire des Vosges, il a posé ses valises à Arles dans les années 70 - montre ses prouesses, sans prétention mais animé du même plaisir ressenti en piste, celui de se surpasser. Les cris de Firmin Gonzalez nous ramènent à la Muleta. José a encore une fois précipité son geste.
« Je suis exigeant, reconnaît bien volontiers le torero à la retraite. Regardez autour de vous, celles et ceux qui sont là ne seront jamais professionnels, ce n’est pas le but. Mais ils sont appliqués, que ce soit à la cape ou à la muleta, ils ont envie de bien faire. » Par ces conseils dictés par le maestro, ces « aficionados » - Firmin refuse de les nommer « practicos » - s’imprègnent davantage de la gestuelle tauromachique. « Ils peuvent ainsi mieux comprendre le torero, savourer ce qui se passe en piste », souligne-t-il. Enfin pour ceux qui le souhaitent, faire partie du « mundillo » n’est pas un prérequis. Ce n’est d’ailleurs pas le cas de notre torero de salon.
Le partage et la passion d’abord
Sa rencontre avec cet art a été un pur hasard. C’est à la terrasse d’un café, rue Porte de Laure à Arles que José entend parler pour la première fois du Toreo de salon. Curieux, il a accompagné la serveuse à l’origine de cette découverte. C’était il y a quatre ans, « depuis, je n’ai jamais plus lâché la muleta ».
Et pourtant, le septuagénaire, ancien cheminot, n’est pas un féru de corrida. « La tauromachie existe, c’est un fait. Pour moi, c’est plus une fascination qu’une passion. Une inquiétude même vis-à-vis du comportement du public, de la mort de l’animal », explique-t-il. Mais pour José comme les autres membres de l’association - une vingtaine de personnes âgées de 25 à 75 ans - le but ultime des deux entraînements hebdomadaires se résume en deux mots. « Le partage et la passion bien plus que l’engagement physique », conclut José.
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