Publié il y a 6 h - Mise à jour le 04.10.2024 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 4 min  - vu 99 fois

SAINT-GILLES Kareen Guiock Thuram : "Aujourd'hui, c'est la journaliste qui s'adapte à la chanteuse"

Kareen Guiock Thuram.

- Alice Lemarin

Kareen Guiock Thuram, figure emblématique du 12.45 sur M6, reprend le répertoire de l'une des plus grandes voix féminines du jazz, Nina Simone. Elle mène désormais de front ses deux carrières : la musique et le journalisme. Kareen Guiock Thuram - people alerte : elle est l'épouse de l'ancien footballeur international, Lilian Thuram - sera sur la scène du Pavillon de la Culture à Saint-Gilles ce samedi 5 octobre, dans le cadre du Nîmes métropole Jazz Festival.  

ObjectifGard : Nina Simone est l'une des plus grandes voix féminines du Jazz avec Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Betty Carter etc. Pourquoi elle précisément ? 

Kareen Guiock Thuram : Nina Simone a la particularité d'être inimitable, il y a quelque chose d'absolument unique chez elle. Autant moi, je suis très inspirée techniquement par des chanteuses comme Sarah Vaughan, par Ella Fitzgerald, mais Nina Simone on ne peut pas s'inspirer d'elle techniquement parce qu'elle a une façon de chanter.... Elle sort une note et ça vient vous chercher dans votre coeur. L'idée de ce projet est né dans la tête et dans le cœur de Dominique Fillon, qui a travaillé sur les arrangements et la réalisation de l'album. Je n'y aurais pas pensé moi-même. Il se trouve que la première fois que je suis montée sur scène, c'était avec Dominique, en 2002, il y a très longtemps, et on avait effectivement chanté une chanson de Nina Simone. 

Alors finalement la musique, ce n'est pas si récent. Et pourtant, le grand public vous connaît plus en tant que journaliste et animatrice.

Ce sont des histoires de vie, de moments. Ça fait très longtemps que je chante, je devais sortir un album, mais pour diverses raisons, ça ne s'est pas fait. Il y a toujours des rendez-vous manqués, des accidents, des imprévus et des quiproquos, c'est assez classique dans la vie d'un artiste. Et puis il se trouve que ma carrière de journaliste, elle, s'est déployée de manière très fluide et assez sereinement. Donc j'ai suivi mes chemins entre guillemets. Puis le projet "Nina" s'est présenté alors que j'étais encore en train de travailler sur mon projet personnel. Ce projet-là s'est trouvé sur des rails très vite et donc il a pris le pas et comme je ne sais pas faire les choses à moitié et qu'il faut du temps pour défendre un album, pour le soutenir etc, c'était pour moi la moindre des choses que de me mettre en retrait de l'info. Aujourd'hui, c'est la journaliste qui s'adapte à la chanteuse, de façon à ce que je puisse concilier ces deux carrières. 

Parmi les 50 albums de Nina Simone, comment avez-vous fait votre choix ? Ce sont des souvenirs personnels ? 

Ce sont des souvenirs personnels et évidemment une question de goût. Ce sont des chansons qu'on préférait l'un et l'autre. On a voulu rendre hommage à Nina Simone, à son répertoire, mais aussi à ses combats, mais de le faire à notre façon. Nous avons choisi des chansons qui étaient les plus adaptées à ce que nous étions et à la façon dont on avait envie de raconter cette histoire-là dans les années 2020. On a fait les choix les plus pertinents et les plus sincères par rapport à nous.

Kareen Guiock Thuram, journaliste, animatrice, chroniqueuse mais aussi chanteuse reprend Nina Simone. • Alice Lemarin

Ces chansons, comment les rapprochez-vous de notre époque ?

Par exemple, I Put a Spell on You, une reprise par Nina Simone d'une chanson de Screamin'Jay. Elle en a fait une chanson très hollywoodienne, très dramatique, avec une importante orchestration. Une chanson où une femme des années 60 chante un amour non réciproque avec un grand sentiment de désespoir, qui dit qu'elle va lui jeter un sort en désespoir de cause. La manière dont je l'aborde en tant que femme des années 2020 est différente : "je t'aime donc je vais te jeter un sort". Ce n'est pas du tout la même relation que l'on a aujourd'hui aux hommes et nous, femmes actuelles, n'abordons pas les relations amoureuses de la même manière. Nous avons une assurance et une position d'égalité qui est très différente à celle de l'époque de Nina Simone. Mais Nina Simone a fait partie de celles qui ont posé les jalons pour qu'on soit les femmes que nous sommes aujourd'hui.

Est-ce qu'avoir choisi de rendre un hommage pour vous lancer officiellement dans la musique, ce n'est pas une façon de prouver quelque chose avant de vous révéler complètement au public ?

C'est très marrant car quand on a commencé à parler de ce projet, tout le monde m'a dit : "C'est une blaguemais comment, vous vous attaquez à du Nina Simone, tu ne te rends pas compte, personne ne peut faire un truc pareil..." Et puis, on l'a fait et ça se passe très bien parce qu'on l'aborde avec tellement de sincérité et d'authenticité que cet hommage-là a une vraie valeur. Maintenant on nous dit : "C'est facile en fait, tu n'as pas pris beaucoup de risques finalement !" (Rires)

Non, je ne dis pas que vous n'avez pas pris de risques... 

Je plaisante, mais entre l'annonce et la sortie de l'album, il s'est passé beaucoup de temps et c'est très heureux aujourd'hui la façon dont les choses se sont transformées au fur et à mesure. Mais pour répondre à votre question précisément, je m'étais fait la promesse de ne pas faire des reprises sur mon premier album. Donc je ne me suis pas écoutée (rires), et puis finalement - la vie est faite comme ça, on fait des promesses, on fait des choix et parfois ça ne se passe pas comme prévu - ça m'a permis de savoir à quelle école j'appartiens, une école d'engagement, d'émotions denses, de partage. Dans le jazz, on peut être très acrobate vocalement, mais il y a aussi le courant de l'âme pure qui est celui porté par Nina Simone en l'occurrence et c'est vraiment à cette école à laquelle j'appartiens. 

Alors je ne l'avais pas formulé comme ça, mais quand est-ce que vous prendrez un vrai risque ?!

(Rires) Quand on est artiste, tout ce qu'on fait est un risque. Mais en ce qui concerne mon prochain album qui sera un album de compositions personnelles, il est en gestation. 

Infos pratiques

Kareen Guiock Thuram en concert au Pavillon de la Culture à Saint-Gilles, ce samedi 5 octobre à 20h30. Première partie : Sunscape. Réservations et découverte de toute la programmation du Nîmes métropole Jazz Festival en cliquant ici

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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