FAIT DU JOUR Le château d'Arpaillargues fête ses 50 ans et décroche sa 4e étoile
En 1973, Gérard et Isabelle Savry transformaient un logis seigneurial et ouvraient le château hôtel d'Arpaillargues. Cinquante ans plus tard, c'est leur fils, Benjamin Savry, qui est à la tête de la "maison familiale" qui vient tout juste de décrocher sa quatrième étoile. Une belle reconnaissance pour ce lieu dont l'histoire continue de s'écrire de siècle en siècle.
Quelques kilomètres à l'ouest d'Uzès, se dressent les murs empierrés et plein de charme du château d'Arpaillargues. L'édifice tel qu'on le connaît date du XVIIe siècle. Aujourd'hui établissement hôtelier, logis seigneurial hier, ce lieu a connu de nombreux soubresauts au fil des époques. Son histoire se retrouve par bribes dans la littérature. C'est dans ce lieu qu'a vécu le comte Charles d'Agoult, époux de Marie de Flavigny aussi connue sous le pseudonyme masculin Daniel Stern qu'elle utilisait pour publier ses écrits, comme le faisait son amie George Sand. La comtesse a aussi fait parler d'elle pour avoir défié les conventions en entretenant une liaison avec le compositeur Franz Liszt, qu'elle finit par rejoindre et avec qui elle aura plusieurs enfants notamment sa fille Cosima qui deviendra l'épouse de Richard Wagner.
Parait-il que Pierre Choderlos de Laclos s'est inspiré de la vie, scandaleuse pour l'époque, de Marie de Flavigny pour dépeindre Madame de Merteuil dans "Les Liaisons dangereuses". Bien des années plus tard, le journaliste et écrivain François Nourissier a aussi habité le château et aurait écrit entre ses murs un de ses livres "Le Maître de maison" sorti en 1968.
"Ce sont les détails qui font la perfection, mais la perfection n'est pas un détail"
"Si ces escaliers pouvaient parler, ils en auraient des choses à dire. Ils en ont vu du passage", glisse Alexis Leblanc montant avec entrain les 58 marches desservant les étages du château. Il travaille en tant que chef de réception depuis quinze ans au côté de Benjamin Savry, l'actuel propriétaire des lieux. Chaque jour, toute l'équipe oeuvre à accueillir au mieux les clients et essaie d'améliorer cet écrin séculaire. "Mon père m'a toujours dit : "Ce sont les détails qui font la perfection, mais la perfection n'est pas un détail". Je sais qu'on en est loin encore mais j'ai grandi avec cette maxime en tête. Tous les matins, quand je me lève, j'y pense et je remercie mes parents de m'avoir donné cette éducation-là", confie Benjamin Savry.
Les efforts ont payé puisque l'hôtel qui était depuis ses débuts classé trois étoiles vient de décrocher sa quatrième. "Quand je l'ai dit à mes parents, j'ai senti dans leur regard que ça leur faisait plaisir", ajoute le propriétaire. Cette heureuse nouvelle arrive juste après la sortie du livre de recettes et l'intronisation en tant que Maître cuisinier de France de Philippe Houy, chef du restaurant gastronomique du château depuis huit ans. "On est sur une belle dynamique mais on y a travaillé", assure Benjamin Savry, qui a pu compter aussi sur le précieux soutien de sa compagne, Émilie Maurin, et sur l'engagement et la solidarité de son équipe.
Serge Gainsbourg et Jane Birkin avaient séjourné à l'hôtel
L'histoire est d'autant plus belle quand on sait qu'il y a cinquante ans, quand Gérard et Isabelle Savry ont racheté la bâtisse, elle était totalement en friche. Après un an d'importants travaux, ils ont ouvert un des premiers établissements hôteliers des environs, à une époque où Uzès commençait à peine à se développer et où la loi Malraux n'en était qu'à ses débuts. Ce couple originaire de Paris a été séduit par le cachet du lieu et ses vieilles pierres. Ils ont aménagé 27 chambres (*) dans le château et dans la magnanerie. Pas une n'est identique. Par la fenêtre de certaines, on voit au loin les tours et le duché d'Uzès.
L'adresse se forge une solide réputation. "Il n'y avait pas grand-chose en hôtellerie dans le coin. Dès qu'il y avait un évènement, les gens venaient ici. On a reçu des gens connus comme Ray Charles et même Serge Gainsbourg et Jane Birkin quand ils étaient venus tourner le film "Je t'aime moi non plus" dans la région", liste Benjamin Savry, enfant à ce moment-là. Encore aujourd'hui, il arrive que des "stars" séjournent au Château mais le propriétaire n'en dira pas plus, respectant leur discrétion et leur tranquillité.
Cette marque de fabrique de la maison a fédéré des clients fidèles qui venaient déjà au temps de Gérard et Isabelle et qui continuent de venir maintenant que Benjamin Savry a repris les rênes : "On connaît leurs habitudes, la chambre qu'ils prennent, le nom de leur fille... Avec mon chef cuisinier, on note les dates d'anniversaire et on essaie d'avoir une petite pensée." Cela fait maintenant 18 ans qu'il a pris la suite de ses parents, bien décidé à ne pas voir la demeure où il a grandi avec ses frères et soeur partir à la vente. Il a gardé cette atmosphère "familiale" qui a bercé son enfance afin que chaque client se sente comme à la maison.
(*) Bientôt, une 28e suite de 100 m2 ouvrira au premier étage dans un ancien appartement privatif. Il est aussi possible de profiter du parc et de la piscine et de louer un transat à "la plage aux Herbes", nom choisi en clin d'oeil à la place aux Herbes d'Uzès. Château d'Arpaillargues, rue du Château, à Arpaillargues.