GARD Lutte contre la réforme des retraites, acte 5 : la flamme de la mobilisation brûle toujours
Ce jeudi 16 février marque le cinquième acte majeur de la lutte contre la réforme des retraites. Dans le Gard, à Alès, Bagnols-sur-Cèze et Nîmes, les manifestants ne desserrent pas l'étreinte, tandis que l'intersyndicale invite les citoyens à "mettre le pays à l'arrêt" le 7 mars prochain.
À Nîmes, un cortège étiré
À Nîmes, les manifestants s’étaient donnés rendez-vous en début d’après-midi devant les Jardins de la Fontaine. « On prend tous deux ans ferme. Pour tous les salariés, c’est deux ans de moins de vie. Mais nous appelons tout le monde à manifester le 7 mars pour faire avancer nos revendications. Il ne faut pas hésiter à perdre quelques jours de travail pour nous faire gagner. J’appelle les partis politiques à écouter le peuple, car sinon ils vont le payer dans les urnes. Ils doivent donc voter contre la réforme des retraites. Remettre la retraite à 60 ans, c’est parfaitement possible et ça coûterait beaucoup moins d’argent que ce que l’on donne aux entreprises sans aucune contrepartie », a déclaré Bruno Rivier, le représentant de la CGT dans le Gard.
Le cortège, étiré, est passé par le quai de la Fontaine, le boulevard Victor-Hugo, pour se terminer, comme le veut la tradition, devant la préfecture du Gard. Tout au long du parcours, les manifestants ont milité contre la réforme des retraites et le président de la République française était la cible privilégiée des participants à la mobilisation. Dans les rues nîmoises, ils étaient environ 2 500 à battre le pavé à l’appel des organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, FSU, UNSA, CFE-CGC, CFTC et Solidaires). À la fin de la manifestation, les leaders syndicaux ont appelé à une nouvelle journée de contestation le 7 mars.
Au moins 4 000 à Alès
"On est moins nombreux que d'habitude", pouvait-on entendre dans les rangs des manifestants du jour, sur les coups de 10h, devant la sous-préfecture d'Alès. La phrase n'était plus tout à fait vraie quelques minutes plus tard, après la lecture par Anna-Livia du message du Mouvement national lycéen (MNL), suivie de celui de l'intersyndicale qui se dit prête à "durcir le mouvement".
La pétition qu'elle fait circuler en ligne depuis plusieurs semaines vient de franchir la barre du million de signatures. Un chiffre ayant le don de réjouir une intersyndicale qui a déjà les yeux rivés sur le 7 mars prochain, date à laquelle elle invite les citoyens à "mettre le pays à l'arrêt". Ainsi, lorsque le cortège s'est élancé vers le quai Boissier de Sauvages peu après 10h20, les rangs avaient eu le temps de grossir.
La police a compté 2 300 manifestants, tandis que les syndicats, qui ne "s'amusent plus" à donner des chiffres tant ils trouvent ceux de la préfecture "éloignés de la réalité", estiment qu'au moins 4 000 personnes ont battu le pavé alésien ce jeudi matin. Notre impression visuelle d'un cortège toujours aussi massif et étalé nous invite à penser que la mobilisation du jour n'a pas indiqué de fléchissement, tout au moins si l'on s'en tient aux deux dernières manifestations.
"On veut nos retraites et on veut le retrait", ou encore "la retraite à 1 200 euros, c’est l’arnaque de l’énarque", a scandé un Alain Martin particulièrement inspiré dans le camion-sono de la CGT. L'intersyndicale avait choisi de revisiter légèrement le parcours, puisqu'après les quais Kilmarnock et Jaurès, puis l'avenue Carnot, le cortège a bifurqué sur sa gauche pour emprunter le boulevard Gambetta, pour tourner une nouvelle fois à gauche au niveau de la rue Edgar-Quinet et ainsi rejoindre le centre-ville où le slogan "salariés sans argent, commerçants sans clients" a retenti.
Deux heures après avoir débuté, la manifestation alésienne a pris fin là où elle avait commencé. En attendant la date peut-être fatidique du 7 mars, l'intersyndicale locale organise une retraite aux flambeaux le 22 février (18h). Le départ sera donné de la Bourse du travail pour un finish sur le parvis du Cratère. Là aussi, Alain Martin a le sens de la formule : "Ils veulent flamber nos retraites, on va faire une retraite aux flambeaux !"
À Bagnols-sur-Cèze, la jeunesse rejoint la mobilisation
Peu présente lors des précédentes journées de mobilisation, la jeunesse bagnolaise s’est bien fait entendre ce jeudi 16 février. Devant le lycée Einstein, est organisé un blocus depuis le petit matin. Plusieurs lycéens ont aussi participé à la manifestation menée par l’intersyndicale, au départ du monument aux morts. L’un d’eux, Anthony, bientôt 17 ans, a même pris la parole au micro : “Nous avons les mêmes convictions, nous nous battons contre la réforme des retraites, contre Parcoursup et le système scolaire défaillant.”
Les inquiétudes sur l’avenir des jeunes sont grandes. Anthony et ses camarades, Laura, Marès et d’autres encore, ont le sentiment de “ne pas avoir le droit à l’erreur” : “ParcourSup est une plateforme dotée d’une intelligence artificielle. Si jamais on a une mauvaise appréciation, on est foutus”, déplorent les lycéens. Marès ajoute : “On peut avoir des rêves, un métier qui nous fait envie mais ce système peut tout nous enlever.” Être contraint de s’orienter vers un métier qui ne leur plait pas, se tromper dans son orientation souvent demandée trop tôt... sont autant de craintes que ressentent ces jeunes. “Un lycéen sur cinq a des idées noires, selon une étude menée dans notre lycée”, indique un de leur camarade.
Alors ce projet de réforme des retraites a été la goutte d'eau. Pour ces élèves de 2nde et 1re, manifester est une première : “La réforme concerne nos parents, les prochains, c’est nous. Si on n’agit pas maintenant, qui le fera ?”, interroge Laura. Ils se sont réunis à travers un groupe de discussion sur le réseau Instagram pour s’organiser.
Malgré la présence plus forte des lycéens, la mobilisation a un peu baissé par rapport aux précédentes éditions. Du côté des syndicats, on comptait 2 800 manifestants, 750 selon les renseignements généraux. Cela reste des chiffres hauts pour Bagnols. “Il n’y a jamais eu autant de monde dans les rues que depuis ces dernières semaines”, se réjouit Patrick Lescure, secrétaire de l’union locale CGT Gard rhodanien. Et Marion Couffin de Solidaires Gard rhodanien d’énoncer au micro au nom de l'intersyndicale : “Ce mouvement social inédit par son ampleur est ancré. Le Gouvernement et les parlementaires ne peuvent y rester sourds.”
L’intersyndicale donne rendez-vous le 7 mars, à 10h30, au monument aux morts et espère “durcir le mouvement” et appelle l’ensemble des salariés à profiter du préavis de grève “pour imposer leurs revendications”. Ce jour-là sera probablement co-construit par l’intersyndicale et les lycéens de Bagnols. Il y aura également une mobilisation le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits de la femme, à 18h, devant La Poste.