Publié il y a 1 an - Mise à jour le 28.03.2023 - M.M., T.A., F.D., C.Co. - 6 min  - vu 1095 fois

GARD Réforme des retraites : encore beaucoup de monde dans la rue pour cette 10e journée de mobilisation

bagnols manifestation réforme retraites 28 mars 2023 10e journée mobilisation

L'intersyndicale appelle les manifestants à continuer le mouvement. 

- photo Marie Meunier

Ce mardi 28 mars était la 10e journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. Dans le Gard, plusieurs manifestations ont eu lieu. La foule était encore dans la rue, quoi qu'un peu moins nombreuse que la semaine dernière. 

À Alès, la présence policière inédite a tendu la fin d'un cortège bon enfant

Alors que le cortège remontait l'avenue Gambetta, les CRS formaient un cordon pour empêcher l'accès à l'avenue du Général-de-Gaulle... que les manifestants n'empruntaient que pour quitter le rassemblement • (photo François Desmeures)

Il aura fallu un communiqué de presse du syndicat Alliance de la police nationale - soulignant le manque d'effectifs policiers pour une manifestation de l'envergure de celle du 23 mars - pour mettre Alès au centre des attentions. Le "chaos" dénoncé par le syndicat policier n'a absolument pas pris place, ce mardi matin, en ville. Tout comme il n'a laissé que peu de stigmates, le 23 mars.

Au bout du quai Boissier-de-Sauvages, alors que celui-ci était rempli par la foule • (photo François Desmeures)

Pour autant, la préfecture avait dépêché un dispositif impressionnant de policiers anti-émeutes ce mardi matin, dispositif qui s'est montré discret jusqu'à la fin de la manifestation, devant la gare. Le caractère bon enfant du cortège en a été affecté : jeudi dernier, celui-ci s'était disloqué devant le local CGT cheminots. Ce mardi, une bonne partie des manifestants s'est arrêtée au bout de l'avenue Gambetta, devant le cordon policier qui barrait l'accès à l'avenue du Général-de-Gaulle, qui mène à la sous-préfecture.

Les manifestants qui souhaitaient sortir de la mobilisation étaient sommés de retirer toute marque distinctive de leur participation au défilé, de plier drapeaux et revendications, de retirer les vestes où figuraient, ne serait-ce qu'un autocollant d'une organisation syndicale. Si une vingtaine de personnes habillées en noir ont aussitôt scandé "Police nationale, milice du capital" ou encore "Darmanin reviens, t'as oublié tes chiens", c'est surtout la stupeur et l'incompréhension qui dominaient les rangs des manifestants tant le dispositif apparaissait disproportionné au regard des neuf mobilisations précédentes et de l'ambiance du jour.

En sortant du rassemblement par le cordon policier, les manifestants (ici des militants CGC) étaient sommés de retirer tout signe de participation à la manifestation • (photo François Desmeures)

Pourtant, tout avait commencé de façon pacifique, comme Alès en a pris l'habitude depuis le mois de janvier. Tout juste était-il possible de constaster une légère baisse de la mobilisation, à 3 000 personnes selon la préfecture (sans doute plus proche de 5 000 selon Objectif Gard). Mais entre les camions syndicaux et les habituels drapeaux émergent toujours des visages moins connus ou des professions inattendues. 

Le cortège a réuni près de 5 000 personnes • (photo François Desmeures)

Spécificité locale, une dizaine de manifestants arbore des écharpes de l'École des mines. "Je viens depuis le début de la mobilisation, explique Christophe, du  service informatique de l'IMT Mines Alès. On est environ 52 grévistes sur 350 salariés, ça n'arrivait plus depuis des années." Et la mobilisation traverse tous les services, "il y a deux enseignants-chercheurs devant, des salariés de la partie administrative, des gens du service informatique, comme moi, ou bien qui travaillent à la restauration". Faute de salariés, la restauration des étudiants n'est d'ailleurs pas assurée les jours de mobilisation. En revanche, cet actif de l'IMT dit ne voir aucun étudiant dans les rassemblements, parmi les 1 400 élèves de l'école. Sur le fond, Christophe pense que "la retraite est un salaire différé. Du coup, on nous enlève deux ans de revenus. Cette réforme, ce n'est pas aux salariés d'en prendre l'entière charge." 

(photo François Desmeures)

"Je ne me vois pas garder les enfants jusqu'à 64 ans, explique Marlène sous une pancarte "Atsem en colère". J'ai 56 ans, j'aurais encore huit ans à bosser. Ça fait 20 ans que je suis dans une école et j'ai quand même envie de profiter de la vie". Dans sa petite école du nord d'Alès, "les collègues AESH (accompagnants d'élève en situation de handicap, NDLR) se mobilisent aussi". Pour limiter la baisse de revenu sur des salaires peu élevés, Atsem et AESH ont la possibilité de ne faire grève que sur la demi-journée. "Mais il n'y a pas que la retraite pour laquelle je suis ici, précise Marlène. Il y a l'inflation, les bas salaires, c'est un tout." 

À Bagnols-sur-Cèze, les manifestants moins nombreux mais encore très mobilisés

bagnols manifestation réforme retraites 28 mars 2023 10e journée mobilisation
Le cortège est parti du monument aux morts pour rejoindre le rond-point de l'Europe. • photo Marie Meunier

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Les manifestants ont effectué plusieurs tours du rond-point de l'Europe, bloquant momentanément la circulation.  • photo Marie Meunier

"On fête un petit anniversaire aujourd'hui, puisque c'est la 10e journée de mobilisation. C'est significatif dans la continuité. À Bagnols-sur-Cèze, ce n'est pas habituel qu'on ait autant de monde, aussi longtemps", atteste André Berthalon, qui fait partie de la commission exécutive de l'union locale CGT. Ils étaient 3 500 manifestants, selon les syndicats, 800 selon l'estimation de la police. C'est moins que la semaine dernière mais cela reste élevé à Bagnols-sur-Cèze.

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Des lycéens ont aussi pris la parole pour dire leur opposition à la réforme des retraites.  • photo Marie Meunier

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Les manifestants ont multiplié les slogans sur les pancartes.  • photo Marie Meunier

Malgré la période d'examen, quelques jeunes se sont aussi glissés dans les rangs du cortège. "Les lycéens sont majoritairement défavorables à cette réforme. On est dans l'incompréhension face à ce Gouvernement, l'usage du 49.3 ou encore ce mensonge sur les 1 200 € de retraite pour tous. Un sentiment fort de méfiance s'installe", expose Clovis en Terminale au lycée Einstein.

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Le cortège était dense encore ce mardi 28 mars, même si les manifestants étaient un peu moins nombreux que la semaine passée. • photo Marie Meunier

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La foule était encore nombreuse à Bagnols-sur-Cèze, ce mardi 28 mars.  • photo Marie Meunier

Il a pris la parole au micro, au côté de ses camarades, pour faire entendre la voix des jeunes. Il déplore que ce mouvement social arrive au même moment que les épreuves de spécialités au bac, que Parcoursup... C'est un peu la goutte d'eau, comme le dit Antoinette : "On est en Terminale, on a l'âge de comprendre. On voit bien que la démocratie n'est pas respectée."

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Lydia, infirmière reconvertie, est mobilisée, notamment par solidarité avec ses anciennes collègues.  • photo Marie Meunier

Au milieu de la foule, pancarte hissée vers le ciel, Lydia manifeste aussi. Cette ancienne infirmière, reconvertie dans la rénovation de meubles à Cavillargues, veut se montrer solidaire avec ses collègues d'hier : "Je suis très remontée. Notre président est sourd, muet et aveugle. Il faut que les choses évoluent. Le monde du travail a changé, il faut que le mode de financement des retraites change aussi." Pour elle, il est inconcevable de repousser l'âge de départ à la retraite de deux ans : "L'espérance de vie dans les métiers de la santé est encore plus courte que celle des commerciaux qui passent leurs journées sur la route. J'ai déjà enterré des collègues, un an après qu'ils soient partis à la retraite."

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Selon les syndicats, il y avait 3 500 personnes pour cette 10e journée de mobilisation. Ils étaient 800 selon la police.  • photo Marie Meunier

Emporté par la musique et par les coups de sifflets et de trompettes, le cortège bagnolais est parti du monument aux morts, a traversé la place Mallet, la rue de la République, Bourg-neuf pour ensuite filer jusqu'au rond-point de l'Europe. Là-bas, les manifestants avec l'intersyndicale en tête, ont effectué plusieurs tours du giratoire, bloquant momentanément la circulation.

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Diane, professeure dans un collège bagnolais, a entonné "Tous les gamins du monde" de Damien Saez, habillée en Marianne.  • photo Marie Meunier

Pour clôturer la mobilisation, Diane, professeure d'anglais dans un collège bagnolais, a chanté "Tous les gamins du monde" de Damien Saez, vêtue en Marianne, le drapeau tricolore à la main. "Les Français sont méprisés, la démocratie mourante. On est encore debout même si on nous fait porter le joug d'une décision qui n'est pas la nôtre. Nous sommes le pays des droits de l'Homme, il est de notre devoir de le défendre, de le faire pour nos enfants", explique la jeune femme. Elle tenait à rappeler la symbolique de Marianne dans le tableau de Delacroix au titre évocateur "La Liberté guidant le peuple". 

Encore beaucoup de jeunes à Uzès

Ce matin, lors de la manifestation à Uzès • Photo : Thierry Allard

À Uzès, si on n'était pas sur une manifestation record ce mardi, il y avait encore beaucoup de monde pour une ville de la taille de la cité ducale. S'il y avait bien une chose qui dépassait les records ce matin, c'étaient bien les divergeances entre le comptage de la gendarmerie, environ 200 manifestants, et celui de l'intersyndicale, "949,3" manifestants. 

Ce matin, lors de la manifestation à Uzès • Photo : Thierry Allard

Ce matin, lors de la manifestation à Uzès • Photo : Thierry Allard

Au-delà d'une peu intéressante bataille de chiffres, retenons tout de même que cette nouvelle journée de mobilisation, dans une ville qui jusqu'à il y a peu n'en accueillait pas, a encore réuni son lot de manifestants, dont une nouvelle fois beaucoup de jeunes venus du lycée Gide, où ils n'avaient pas cours ce matin pour cause de grève. Des jeunes venus pour se faire entendre, outrés tant par l'usage de l'article 49.3 de la Constitution que par la réforme en elle-même. "Étudiants, ouvrez votre bouche, réveillez-vous, pensez à vos parents et à vos grands-parents", lancera l'une d'elles au micro. 

Le cortège s'est achevé par un passage dans la mairie d'Uzès, où les manfestants ont tenté, en vain, de parler avec le maire • Photo : Thierry Allard

Sur place, tout le monde était d'accord avec le porte-parole de l'intersyndicale, Philippe Alby, qui invitait à "maintenir la pression" face à un président de la République jugé "irresponsable." D'autant que les manifestants en sont convaincus : "on va gagner !"

4 000 manifestants à Nîmes selon la préfecture

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La CGT avait tout prévu avec la buvette ambulante au coeur du cortège  • Photo Corentin Corger

À Nîmes, le cortège, réuni devant les Jardins de la Fontaine, a de nouveau emprunté le boulevard Gambetta puis l'Amiral Courbet pour descendre jusqu'à la préfecture et la gare. La préfecture annonce 4 000 manifestants, pour la CGT plus de 15 000 personnes ont battu le pavé.

manif réforme retraite Nîmes
Les manifestants avaient sorti leur plus belle pancarte • Photo Corentin Corger

Au-delà des chiffres, la mobilisation était au rendez-vous et le rapport de force se poursuit face au Gouvernement. L'intersyndicale, qui attend la date de la prochaine manifestation, ne veut pas lâcher. Pour soutenir les grévistes, la buvette ambulante de la CGT a fait le plein cet après-midi. À deux euros la bière, les manifestants ont pu faire un geste pour leur camarade tout en se rafraîchissant. Et comme il faisait beau, la machine n'a pas cessé de fonctionner. Rendez-vous au prochain épisode ! 

Au Vigan comme ailleurs, un petit peu moins de monde

Près de 650 personnes, ce mardi en fin de journée, au Vigan • (photo DR)

Il n'y aura pas eu de mort fictif cette fois-ci, comme ce fut le cas la semaine dernière. Mais une manifestation bien vivante, comme elle l'est au Vigan depuis la première journée de mobilisation. Alors qu'ils étaient environ 800 la semaine dernière, le nombre de manifestants s'approchait plutôt des 650, selon une représentante de la CGT sur place. 

(photo DR)

M.M., T.A., F.D., C.Co.

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