NÎMES Hocine Drouiche : "L'Islam est une religion de paix"
Il y a quelques semaines, le collectif des mosquées du Gard avec à sa tête Abdallah Zekri, secrétaire général du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), accusait Hocine Drouiche, imam de Nîmes, d'être un "imposteur". Ce dernier a choisi ObjectifGard pour répondre à ses détracteurs.
ObjectifGard : Pourquoi êtes-vous attaqué si violemment par ce collectif ?
Hocine Drouiche : Parce que je défends avec courage une vision de l'Islam de façon claire et précise. Je propose une nouvelle lecture de l'Islam qui s'adapte à la réalité et à la vie en France. Je m'engage dans un dialogue réel avec les autres religions et les athées. Et puis ma place de vice-président de la conférence des imams de France à Paris et les invitations régulières à l'Assemblée Nationale et au rectorat de Paris font un peu d'ombre à certains...
M.Zekri est un homme respecté à Nîmes. Sa parole compte... Pensez-vous vraiment qu'il se sent menacé par vous ?
M. Zekri est très ancien sur le terrain nîmois. En tant que secrétaire général du CFCM, il a tendance à se prendre pour le porte-parole de l'Islam en France. Je pense que l'on a face à nous un problème générationnel. À 76 ans, il entre en conflit avec ceux qui portent une vision plus moderne de la religion. Moi, j'ai toujours été dans une position de rassembleur. Le débat qui existe depuis des années par rapport à la République et l'Islam, je l'assume. Les musulmans doivent choisir d'abord la République avant leur religion, c'est très clair. Un exemple : la polygamie. Cette pratique ne respecte pas les lois de la société française. Je refuse donc de marier religieusement des couples où nous sommes dans cette configuration. C'est un principe.
Est-ce que vous avez le sentiment que votre positionnement est minoritaire au sein des musulmans ?
Je ne le crois pas, l'Islam est une religion de paix. Une haine s'installe entre la communauté musulmane, qui se sent stigmatisée, et la société. Un imam doit faire le lien entre tous. Il ne doit pas être uniquement l'imam des musulmans mais aussi celui de la communauté France. Nous sommes une seule famille, la famille nationale. Vous savez les grandes finalités de l'Islam sont l'humanisme et l'ouverture. C'est un discours que l'on n'entend plus aujourd'hui. Mon rôle est donc de transmettre un message d'amour et de fraternité. C'est la raison de ma présence individuelle à Nice après les attentats, sans avoir besoin de le médiatiser ou d'être accompagné.
Pour revenir à l'accusation d'Abdallah Zekri, le collectif vous traite d'imposteur...
Je me définis comme le président du conseil des imams du Gard. Un conseil que j'ai crée en 2007, composé de trois imams officiels. Je n'ai jamais dit que je représentais tous les musulmans ou tous les imams du Gard !
Quel est votre parcours ?
J'ai un doctorat en science islamique et en management. J'ai ensuite exercé à la mosquée centrale de Toulon puis je suis intervenu dans une mosquée à Marseille. Je suis dans le Gard depuis 2003. J'ai exercé à la salle de prière de Saint-Génies-de-Malgoires qui a été reprise par mon frère il y a quelques mois. De mon côté, je me suis installé à la mosquée de la Rue Nationale à Nîmes où un certain nombre de fidèles m'accompagnent.
Quels sont vos projets pour les prochaines années ?
Je postule au poste de recteur de la mosquée de Paris. J'ai l'espoir d'avoir l'honneur d'être retenu comme candidat en septembre 2017. Ma candidature est sur le bureau de Manuel Valls, j'espère qu'elle aboutira car en tant que directeur de la mosquée de Paris, je pourrais envoyer un message courageux de modernité tout en conservant les fondamentaux indispensables de cette belle religion.