PONT-SAINT-ESPRIT L’homophobie, c’est aussi en milieu rural
Malheureusement, le rejet de l’autre du simple fait de son orientation sexuelle n’épargne pas la campagne.
Une soirée sur ce thème était organisée mardi soir à Pont-Saint-Esprit par la jeune Chambre économique de Bagnols au Ciné 102.
« Des pestiférés »
Après la projection du documentaire « Carte blanche : du rejet au refuge » de Sonia Rolland et Pascal Petit, une conférence-débat était organisée avec le directeur général de l’association Le Refuge Frédéric Gal. Une association qui aide les jeunes homosexuels ou transidentitaires rejetés par leurs familles, et ce principalement dans les grandes villes.
« On est présents sur 16 villes, mais on s’ouvre sur la ruralité car les problématiques y sont les mêmes, mais les solutions beaucoup moins présentes », explique Frédéric Gal. Ainsi, l’association a mis en place des « correspondants relais », mais comme pour pas mal d’associations, trouver des bénévoles n’est pas facile, d’autant plus que militer au Refuge « suppose que les gens s’affichent et prennent position », note le directeur général de l’association. Pas forcément facile, car cela implique de s’exposer plus directement à l’homophobie qui gangrène encore notre société.
Ainsi, être homosexuel en milieu rural, « c’est encore plus compliqué car il y a le qu’en dira-t-on, alors on devient silencieux pour éviter que sa famille devienne des pestiférés », lancera une voix dans la salle mettant le doigt sur un comportement relevé chez les jeunes homosexuels. « Une personne homosexuelle va intérioriser ces comportements, certains vont se marier, d’autres finir vieux-garçons, d’autres vont partir très loin, ou avoir des comportements destructeurs, relève Frédéric Gal. Dans la population homosexuelle, il y a un taux de suicide plus élevé que la moyenne. »
Des comportements amplifiés par le poids « de la famille, de la religion, de la société et des amis », énumère Frédéric Gal, dont l’association continue d’oeuvrer pour sensibiliser à l’homophobie via des campagnes d’affichage, de spots télé, des interventions en lycée ou encore des actions de formation pour les travailleurs sociaux. Elle dispose de 80 places d’hébergement, et aide « chaque année de plus en plus de jeunes, ce qui ne veut pas forcément dire qu’il y a de plus en plus de jeunes virés de chez eux, nous sommes de plus en plus connus et sollicités », précise Frédéric Gal.
Le Refuge propose également un numéro d’urgence disponible 24h/24 et 7j/7 au 06 31 59 69 50. Un téléphone qui a sonné plus de 700 fois depuis le début de l’année. Un tiers des appels provient du milieu rural.
Thierry ALLARD