SAUMANE Sésame autisme : le collectif de parents relève des avancées mais craint le volet financier
La sous-préfète du Vigan souhaitait voir revenir le dialogue à l'Esat La Pradelle. Si elle n'est pas parvenue à mettre les acteurs autour de la même table, la direction a commencé à prendre à son compte une partie des démarches réalisées par le collectif de parents, qui est monté au créneau pour être force de proposition. Ceux-ci s'en réjouissent mais attendent toujours des garanties sur le maintien du nombre de travailleurs et les conditions de création d'une dizaine de places de foyers de vie, à côté des 37 places de travailleurs de l'Établissement et service d'aide par le travail (Esat).
Arrondir les angles et inviter au dialogue. Depuis son arrivée au Vigan, la sous-préfète Anne Levasseur s'est emparée du dossier Sésame autisme de Saumane, dans la tourmente depuis sa mise sous administration provisoire, en septembre 2020. Nouvelle présidente et nouvelle direction sont arrivées à la tête de l'association, entre décembre 2021 et juillet 2022. Peu de temps après sa prise de fonction, mise au courant des tensions autour de l'Esat, Anne Levasseur avait reçu le collectif de parents pour entendre leurs craintes, recevoir leurs propositions d'amélioration et promettre de tenter d'organiser une table-ronde entre Sésame autisme, l'Agence régionale de santé - dont le directeur du Gard avait reçu les parents en mars (relire ici) - le Département et le collectif de parents.
L'ARS, service de l'État, a décliné l'invitation de la sous-préfète. Mais le collectif de parents constate tout de même que son travail, et l'intervention d'Anne Levasseur, portent leurs fruits. Et ces faits leur importent plus que les discours méprisants à leurs égards (*), insistent-ils. Des avancées qu'ils ont pu constater dans le discours servi par la direction à Anne Levasseur, lors de sa visite, mais aussi dans la réunion de l'Instance territoriale de dialogue interne du pôle Gard, dont une réunion a eu lieu lundi 11 septembre, à Vauvert.
Effectivement, il y a besoin de foyers de vie. Mais ceci ne doit pas impacter le nombre de travailleurs."
André Bourg, père membre du collectif de parents des travailleurs de l'Esat de la Pradelle
"Ça s'est plutôt bien passé, entame l'une des mères du collectif, Rita Passos. Il n'y a pas eu de prise de parole en confrontation." Une vingtaine de personnes était présente, dont les chefs d'établissements du Gard et "cinq ou six parents de Saumane", les autres provenant de l'Esat de Vauvert, où avait lieu la réunion. La rencontre, de deux heures, devrait revenir quatre fois par an et concerne, donc, les deux Esat qui ne font désormais plus qu'un seul établissement.
Première satisfaction - énoncée aussi par la direction à la sous-préfète - le maintien annoncé des 37 places de travailleurs autistes, quand Cédric Vareilhes souhaitait en conserver quinze "a minima" lors d'un entretien, en octobre 2022 (relire ici), et implanter des foyers de vie pour les travailleurs les plus vieillissants. Un maintien dans lequel le Département du Gard aurait joué un rôle. "On sait pertinemment qu'il y a des fatigués, que certains des travailleurs doivent arrêter le travail, confie André Bourg, l'un des pères membre du collectif. Effectivement, il y a besoin de foyers de vie, nos enfants aussi en auront besoin. Mais ceci ne doit pas impacter le nombre de travailleurs. La liste d'attente pour les travailleurs autistes et handicapés est longue." Les travailleurs actuels ont entre 19 et 50 ans, dont 19% d'entre eux entre 51 et 60 ans. Subsiste une question : si un dizaine de places de foyer de vie sont créées, où s'implanteront-elles ? "À la Tourette, un foyer d'hébergement sur Saumane est en création. Cela pourrait-il etre le foyer de vie ?", s'interrogent les parents.
"J'essaie de faire converger les avis."
Geneviève Blanc, maire d'Anduze
Le collectif a aussi eu le plaisir de constater que les pistes qu'il avait avancées sont reprises à son compte par la direction - avec une propension à se les attribuer. Deux idées qui découlent de la rencontre du collectif avec la maire d'Anduze, Geneviève Blanc. Celle-ci confirme : "J'ai reçu le collectif de parents, puis le directeur du Gard, M. Vareilhes. J'essaie de faire converger les avis. Il y a effectivement une réflexion autour du développement, sur Anduze, d'une boutique paysanne."
Comme la production charcutière ne peut plus rejoindre les étagères de la boutique Terroir Cévennes, puisque les porcs ne sont plus élevés à La Pradelle, les parents cherchent un lieu pour écouler les produits. Au stade de projet, la boutique pourrrait les recevoir, mais aussi ceux d'autres producteurs locaux, comme les deux maraîchers récemment installés sur des terrains communaux par la municipalité. Geneviève Blanc pense à l'ancienne boucherie de la place Couverte comme point de chute éventuel. "Dans les centres anciens, comme celui d'Anduze, il faut se demander comment l'économie sociale et solidaire peut aider le développement local."
Autre sujet évoqué avec Geneviève Blanc, la possibilité de reprendre la cuisine centrale de la fondation Rollin, qui serait bientôt à la vente, alors que La Pradelle a validé une étude de faisabilité sur ses propres terrains et s'apprêtait à chercher des financements. Un sujet également repris par la direction, qui en évalue aussi la faisabilité. Le collectif s'en réjouit : "Que M. Vareilhes soit allé rencontre la maire d'Anduze, c'est évidemment plutôt positif."
Déficit supérieur à deux millions d'euros
En revanche, l'état des finances continue d'inquiéter le collectif de parents, avec un déficit supérieur à deux millions d'euros. Et les solutions qu'ils ont pu percevoir ne les rassurent pas. Comme celle de faire payer les quatre jours de vacances que les travailleurs prennent ensemble, dans les Pyrénées-Orientales ou en Ardèche, pour quatre nuits hors saison. Un séjour hautement facturé 700 € par travailleur, "alors qu'avant, c'était totalement pris en charge, parce que le Département verse une somme pour ça". De même, "pour les soins et l'art-thérapie, qu'on finance désormais. On se demande, au final, si ce sont les travailleurs autistes qui vont servir à combler le déficit. On a demandé une facture détaillée, on attend..."
Enfin les parents rappellent qu'ils restent opposés aux évaluations de leus enfants, tels qu'envisagés par la direction. S'ils valident le fait qu'elles soient réalisées par un tiers - "Mais comment ? Et par qui ?" - , ils souhaitent que cette phase attende un contexte plus approprié, "que les travailleurs soient remis dans un contexte favorable, explique André Bourg. Parce que, si on vous change de boulot, on ne peut pas vous évaluer tout de suite... Pour la plupart des travailleurs, cela fait quatre ans qu'il n'y a pas eu de projet personnalisé."
"On veut vraiment donner vie à La Pradelle, conclut Rita Passos. André s'est même proposé pour aider, pour démarcher. On est ici pour garder ce lieu, on vient avec des solutions, la preuve en est..." En pensant à son enfant, Rita Passos ajoute, mains ouvertes, "parce qu'on a monté ce collectif pour des personnes handicapées qui ne peuvent pas se défendre."
(*) Lors de la visite de la sous-préfète début septembre (relire ici), la maire, Laurette Angeli, estimait au doigt mouillé que le collectif ne représentait que 7% des parents, quand eux en revendiquent le double. Le directeur, Cédric Vareilhes, ajoutait qu'une partie des parents avait quitté le collectif. Il s'agit, en réalité, d'une seule personne.