ARLES 92e Cocarde d'or : coups de coeur, coup de corne et fiançailles
À 34 ans, Jérémy Ciacchini s'est offert sa deuxième Cocarde d'or dans les arènes d'Arles. La récompense après une lutte courageuse et acharnée. Le raseteur n'en est toutefois pas sorti indemne, il a reçu un coup de corne dans la cuisse droite, avec deux trajectoires, une de 15 cm, l'autre de 5 cm.
Sacré événement. Plus clairsemées qu'à l'accoutumée - le match en 8e de finale de l'Euro 2024 qui opposait l'équipe de France à la Belgique (1-0) en est certainement une des raisons - les arènes ont tout de même vibré lors de cette 92e édition de la Cocarde d'or. Une course camarguaise prestigieuse, spectaculaire, périlleuse et spécifique au regard du nombre de raseteurs en piste. Une trentaine, plus les tourneurs, ce lundi 1er juillet.
"C'est une bagarre d'hommes avec des taureaux (*) durs, routiniers, fougueux, capables de gérer leur quart d'heure de la meilleure des manières", précise Nicolas Triol, président de la Fédération française de la course camarguaise. Lui-même a participé à plusieurs reprises à cette épreuve reine de la bouvine, à la fin des années 80. "J'étais en piste le jour du terrible accident de Jacky Siméon - le 3 juillet 1989 blessé par Vidocq de la manade Laurent, NDLR - un moment qui est resté longtemps gravé dans ma mémoire", se souvient-il.
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Rares sont les Cocarde d'or qui se passent sans encombre pour les raseteurs. La preuve encore cette année. Jusqu'au quatrième taureau, le public a pu assister à une course intense, malgré un peu de déception dans les gradins au troisième taureau, Artaban de la manade Fabre-Mailhan. Un vrai duel entre Joachim Cadenas, le tenant du titre, et Jérémy Ciacchini, rejoints par Jérôme Martin et Amine Chekade dans la bataille.
Saint Roman de la manade Fanfonne Guillierme en piste, le coude-à-coude entre le premier et le deuxième au classement s'est intensifié. Jérémy Ciacchini s'est illustré par la répétition de rasets, a levé deux attributs et fait la coupe. "Il a fait 5 points en 5, 6 rasets avec une rage de vaincre terrible", commente le président de la FFCC. Un talent démontré juste avant de se faire accrocher par le cocardier à la barrière, à la bagarre pour décrocher la ficelle. Le raseteur a reçu un coup de corne dans la cuisse droite avec deux trajectoires, une de 15cm, l'autre de 5 cm. Il a été porté par ses camarades jusqu'à l'infirmerie.
Il ne reviendra plus en piste. Joachim Cadenas non plus. Le vainqueur de la 91e Cocarde d'or aurait, selon certains propos rapportés, fait preuve de respect et de loyauté. Conséquence de quoi, "à partir du cinquième taureau, la course est tombée un peu en intensité, les deux prétendants au titre étant partis, même si la bataille pour le deuxième prix entre Martin et Chekade a été remarquable, souligne Nicolas Triol. Ça a été un Cocarde d'or intéressante, on a vu que la race du taureau de Camargue est vraiment exceptionnelle, avec une noblesse, une bravoure, une intelligence de comportement tout à fait admirable."
Avec 11 points, Jérémy Ciacchini a remporté la Cocarde d'or, la deuxième de sa carrière puisqu'il l'avait déjà remportée en 2018. "Les taureaux étaient un peu compliqués en première partie, mais j'ai su garder mon sang-froid. Je ne me suis pas démoralisé, j'ai su faire la différence au quatrième taureau. Et puis, il y a eu cette blessure, je remercie Joachim Cadenas avec qui j'ai pu échanger quelques mots dans les vestiaires", a déclaré Jérémy Ciacchini, juste après avoir reçu son trophée, ainsi que celui du meilleur animateur. Puis l'homme a posé un genou à terre, non pas à cause de sa blessure, mais pour demander la main de sa compagne. "Je m'étais promis de le faire si je gagnais cette Cocarde d'or." Le raseteur a ensuite été transporté à l'hôpital Carémeau de Nîmes.
*Escapaïre de Saliérène, Angora de Aubanel, Artaban de Fabre-Mailhan, Carassin de Cuillé, Ora de Lautier, Valento de Lagarde, Saint Roman de Fanfonne Guillierme, ce lundi 1er juillet.